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30 avril 2021

NOS MILITAIRES LANCEURS D'ALERTE

La marmite bouillonne, la Grande Muette, en vigile,

Lance un grand cri d'alarme en son âme et conscience,

Par crainte d'une guérilla, celle qui se profile

À très grande vitesse et qui a pris naissance

Dans les sites de non-droit, dans de nombreuses banlieues,

Rebelles à notre France, imposant leur propre loi.

Sortant de leur réserve, ces militaires soucieux

De défendre leur pays, pauvre France aux abois,

Sont vilipendés par les islamo-gauchistes

Et par une gouvernance totalement ignorante

Du mot patriotisme et grande apologiste

D'une immigration invasive et conquérante.

Comment ne pas approuver tout ce qu'ils dénoncent,

Alors que le péril est palpable chaque jour.

La violence s'aggravant, notre cher pays s'enfonce

Inexorablement vers un point de non-retour.

Les menaces de sanctions sont plus que déplorables.

Nous devons soutenir tous ces lanceurs d'alerte

Qui ont mis en exergue le laxisme coupable

De tous ceux qui conduisent notre pays à sa perte.

Jean-Paul Ruiz le 30/04/2021

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25 avril 2021

LE CHUMBO OU LA FIGUE DE BARBARIE

1

La figue de Barbarie a la peau pleine d'épines
Et malgré les pépins, sa chair est appréciée
Par de nombreux friands qui se lèchent les babines .
J'aime à croire que ce fruit, seuls des initiés
Aiment à le déguster et ceux qui le mangent pas
Ignorent combien il est suave et bien sucré.
Bien sûr, il nous rappelle notre pays perdu.
Gravé dans ma mémoire, le marchand ambulant,
Avec son bourricot, était le bienvenu.
Cet arabe pas bien jeune annonçait en hurlant :
Chumbos, higos de pala ! Vendus à l'unité.
On se précipitait pour acheter ces fruits
Que le vendeur pelait avec dextérité.
Le chumbo, je l'adore, c'est mon fruit favori.
Ici dans l'hexagone, j'en mange assez souvent
Quand arrive la saison mais ce n'est pas pareil.
Ce qu'il me manque surtout, c'est le milieu ambiant.
Ma « madeleine de Proust », ce cadeau du soleil
Qui me fait traverser la Méditerranée,
Me renvoie en pensée à ma tendre enfance.
Celui que je mange ici n'est qu'un succédané,
Mais immanquablement c'est à là-bas que je pense.
3 avril 2021

LE CARICO

Pour faire un carico il faut :

D'abord un plan, mais quelque chose de sérieux car c'est un engin de transport dans lequel on est pas installé en toute sécurité, soit assis, soit couché dessus et presque à plat-ventre et debout,,,c'est la position la plus casse gueule.

Des planches, ça c'est pas trop compliqué à trouver mais il faut quand même s'en occuper,

Des clous, des vis et même des boulons si on veut faire les choses bien et c'est la quincaillerie qui se trouve le plus facilement dans la caisse à bricolage de nos parents.

Et puis le plus dur à se procurer ,,,, les roulements à billes.

Nous avons écumé tous les garages de la ville,les agences Peugeot, Renault, Citroën, Simca, Panhard et choux blanc, nous n’avons rien trouvé,,, des neufs oui, et là nos tirelires ne pouvaient pas faire face.

- On laisse tomber dit Bernard nous n’aurons jamais temps de nous entraîner correctement.

Car cette construction de carico, c’était pas pour rien, la bande de la place Hoche organisait une grande course et nous avait invité à y participer.

Il y avait une équipe de la rue de la cagaruta (rue Bernardin), une autre de Saint Pierre supérieur, une de Saint Eugène et peut être une ou deux de Gambeta.

- Joai tché , on va pas se dégonfler, on vient de me passer le parcours : Départ rue de Mostaganem, puis rue Beauharnais, on tourne rue de la cagaruta ( Bernardin) ensuite rue de Turenne jusqu’à la rue Dufour, on arrive place Hoche et pour finir arrivée au stade du Caïd. C’est pas mal non ?

- Et à chaque changement de rue il faut changer de pilote ?

- Et oui Bernard , Rue de Mostaganem/Beauharnais un pilote jusqu’au virage de la rue Bernardin et là changement de cavalier jusqu’à la rue de Turenne, descente très raide jusqu’à la rue Dufour. Puis enfin Place Hoche avec arrivée au stade du Caïd. Ce qui nous fait cinq pilotes et deux pilotes remplaçants car les cotes sont raides et je le souhaite pas mais des chutes sont possibles et il faut tout prévoir.

- Et si on a pas de roulements on fait quoi ?

- Demain de très bonne heure avec Georges nous montons à Santa Cruz pour brûler un cierge por si las moscas !!!

- C’est vrai, dit Marcel, que vous êtes de vrais santicos !

Et toute la bande éclate de rires.

Neuf heures, Kader son seau et sa peau de chamois arrive dans la rue, Kader a un grand sourire, il pose le seau devant nous et dit :

- Regardez ce que j’ai trouvé au Hambri.

- T’as trouvé une peau de chamois, t’es fort Kader.

- Mais non, besugo, regarde sous la peau de chamois.

- Purée Kader t’es le roi des rois, comment t’as fait ça ?

- ça c’est mon grand secret et surtout ça reste entre nous, vous dites pas que ça vient du hambri.

- Ecoute Kader c’est souvent qu’on monte au Hambri pour acheter, des jeans, des blousons ou des écussons et on a jamais vu de roulements.

- Les amis le hambri c’est très compartimenté, il y a l’habillement mais aussi l’outillage, la ferraille diverse et variée, le cuir, les pièces détachées auto et plein d’autres choses, si tu veux des babouches tu les trouveras pas à la ferraille etc. Il faut connaître tous les coins et toutes les spécialités, si non tu te perds la bas dedans.

- En tous cas mille fois merci Kader hé les copains un banc pour Kader un, deux, trois

Et toute la bande se met à taper des mains en scandant « un banc pour Kader, un , deux, trois, un, deux trois, quatre cinq un deux trois…. »

- Chuuuut dit Kader vous allez attirer l’attention des folloneros de taxis, et ils vont me poser des tas de questions que j’ai pas, mais alors, pas du tout, envie d’entendre,

Bon maintenant, gros problème, il faut construire le carico en toute discrétion, car nos parents n’aiment pas trop les caricos à cause du bruit et surtout de la dangerosité de l’engin.

Chez moi en sous sol il y a un couloir qui mène des caves des locataires à la cour intérieure de l’immeuble. Les seuls qui empruntent ce couloir sont les deux bouledogues poitrinaires, de la concierge, madame Tobaruela, Mais elle ne parle que l’espagnol et si on ne fait pas trop de jaleo elle ne dira rien.

Et puis ce couloir servira à entreposer notre matériel en toute discrétion, bien entendu à onze heures trente le matin et à dix sept heures trente l’après-midi il faudra tout ranger soigneusement.

Bon les artistes demain huit heures moins le quart chez moi, il faut absolument que demain soir le carico soit prêt, et que l’on décide de chaque pilote pour faire le « road book.»

- Le road quoi ? Purée René tu t’es torché avec le Larousse anglais/français ou quoi ?

- C’est le plan du parcours avec tous les détails, pilotes compris, esta bueno ?

- Aller les amis hasta mañana.

La nuit a été compliquée, j’ai tourné et retourné dans le lit, des roulements mal graissés qui ne voulaient pas rouler, des rues Beauharnais et de Turenne dans la pente n’arrêtaient pas de tomber en à pic, la trousse à pharmacie qui était à moitié vide, le sparadrap qui ne collait pas, enfin tout pour rendre un homme heureux.

Au matin, maman qui voit l’état de mon lit, met tout de suite sa main sur mon front :

- Que passa hijo tu as de la fièvre ? Non tu es frais comme tout et elle me fait une grosse bise sur le front.

- C’est rien maman un peu de cauchemar, j’ai rêvé que je perdais au foot.

- Le foot c’est pas grave, faut pas te mettre comme ça !

- T’as raison maman, mais je commande pas mes rêves.

- Que tonto, heureusement que tu commandes pas tes rêves, dit elle en riant.

Maman et ma frangine sont parties au boulot, les copains ne vont pas tarder à arriver, un grand bol de café con leché et des tartines de pain grillé bien beurrées et me voila prêt pour la réunion de préparation du carico et de la course.

Georges déplies une grande feuille de papier où sont dessinés tous les plans du carico de course, toutes les dimensions sont indiquées avec précision, un vrai travail de pro, il répartit les tâches de chacun et la maison devient un vrai atelier, ça scie , ça coupe, ça visse,ça boulonne, ça ponce et Georges nous peint la tête de Popeye le marin qui est notre signe de reconnaissance,  à midi la bête est pratiquement prête, il ne reste que l’assemblage des différentes parties et en fin d’après midi le carico sera opérationnel et il ne nous restera plus qu’à l’essayer.
Un sérieux coup de ménage à onze heure et demi, avant que maman et ma sœur ne reviennent du boulot.

L’après-midi, se passe sans encombre,en une heure les parties sont assemblées, notre carico de course ne demande plus qu’à prendre la route.

Une tournée générale d’eau fraîche et de coco pour fêter ça.

« Bon, demain matin, les amis rendez vous devant le temple protestant de la rue Elisée Reclus à l’angle du boulevard des chasseurs ».

Le lendemain à huit heure trente pile, toute la troupe se retrouve devant le temple.

« Norbert et Bernard vous vous placez au croisement de l’avenue Alsace Lorraine pour faire gaffe aux voitures, Robert et Marcel pareil à l’avenue de la vieille mosquée, dès que le carico est passé on se retrouve boulevard front de mer. »

Georges enfourche le « bolide » et je le suis à pieds. « Pas trop vite Jo gaffe aux autos. »

Tout se passe à merveille, aux deux croisements aucune circulation et nous nous retrouvons fous de joie boulevard front de mer.

Nous emplissons nos poumons de l’air marin du grand large, le carico s’est super bien comporté, tenu de mains de maître par Georges.

La vue est magique de la montagne des Lions à Santa Cruz.

Le port défile sous nos yeux et nous rappelle nos exploits, le souvenir de ma canne à pêche me donne un coup de blues, bien vite passé, car cette fois c’est certain nous somme prêts pour la course.

Comme d’habitude lorsqu’il y a des décisions importantes et secrètes à prendre la bande se retire au petit jardin face au square Cayla le but est d’étudier le parcours dans ses moindres détails et de décider qui pilotera dans chaque secteur.

Pour ne pas attiser la curiosité des riverains du quartier Saint Pierre, nous décidons de nous diviser en deux groupes de trois pour inspecter les lieux de la course.

Georges, Bernard et moi dans un premier temps puis Robert, Norbert et Marcel une demi-heure plus tard et toujours dans un souci de discrétion nous ne ferons pas le trajet dans le sens inverse de la course, mais en partant directement à l’angle de la rue Beauharnais et de la rue de Mostaganem,

Et nous attaquons la rue de Lourmel, à l’angle rue d’Arzew c’est là que se situe le bar le Sphinx une des meilleures Kémia d’Oran et devinez qui est là, attablé devant deux cafés, le papa de Bernard qui joue au Jacquet contre un adversaire inconnu, il a commandé deux boissons et après chaque lancé de dés il change de place et joue contre lui même, comme ça il est toujours sur de gagner.

Bernard se fait tout petit pour échapper à la vue de son père, mais celui ci trop pris par la partie,ne lève pas les yeux de sa plaque de jeu.

Puis, un peu plus haut, le cinéma Richelieu une des plus belle salle d’ORAN . Il faut dire que dans le coin dans un rayon de cinq cent mètres, il sont nombreux les cinémas, le Colisée, le Regent, le Mogador, l’Idéal et même le studio des jeunes que les gamins du tout Oran appellent « le Bazooka », va savoir pourquoi. C’est le cinoche le moins cher de la ville et il drague toute le jeunesse , ses séances ont lieu le jeudi et le dimanche,

Bon revenons à nos moutons et à l’ascension de la rue de Lourmel, car le pente est de plus en plus raide.

Un peu essoufflés nous accostons rue de Mostaganem, après quelques mètres nous abordons la rue de l’Alma, puis la rue de l’abricotier et voila la rue de Turenne.

Plus que quelques mètres et nous arriverons rue Beauharnais le point de départ de notre grande aventure.

Sur le seuil de son magasin, une mamie tout de noir vêtue, les cheveux argentés peignés en un chignon sévère, nous regarde d’une drôle de façon, sur la porte de l’estancot s’affichent les illustrés de la semaine,Diabolo,Akim, le journal de Mickey, Blek le Roc et bien d’autres. Soudain une délicieuse odeur vient chatouiller nos narines,nous arrivons rue Beauharnais et se sont les délicates effluves de la biscuiterie Nord Africaine qui viennent nous ouvrir un appétit de douceurs.

- Voilà les gars c’est ici le point de départ, vous voyez la rue n’est pas large et nous seront au moins cinq équipages, il faudra jouer serré car un moindre écart pourrait nous faire perdre un temps précieux.

- Oh René que nous vaut l’honneur de te voir dans le quartier ?

Je suis surpris, mais je reconnais André le chef d’équipe de la biscuiterie,

-Salut André, je faisais visiter mon ancien quartier à mes amis,

-C’est bien les jeunes, tenez me dit-il l en me tendant une boite de madeleines « la Princesse » C’est notre dernière création, tu m’en diras des nouvelles.

-Un grand merci André, et le vélo c’est toujours d’actualité ?

- Plus que jamais, en ce moment je me prépare pour le critérium de l’écho d’Oran, et ton grand frère t’as des nouvelles ?

- Toujours à Paris encore six mois de stage.

- Tu lui passeras le bonjour.

- Pas de problème, et encore merci pour les madeleines.

Et oui les gars c’est ici que j’habitais à l’angle de la rue Dampierre,, juste en face de la biscuiterie.

On continue, voici la grande menuiserie Viscaino qui fabrique des glacières pour les brasseries et les grands magasins, c’est ici à l’angle de la rue Damremon que l’on faisait la fuguéra de la saint Jean, hum le goût des fèves au cumin que l’on nous offrait me reviennent en mémoire.

Vous voyez comme la pente est abrupte, nous arrivons rue de la cagaruta( rue Bernardin).

- Pourquoi la cagaruta ? Demande Georges

- Autrefois cette rue était un chemin de terre et les bergers conduisaient leur troupeaux par là pour aller sur les herbages de la colline et tu sais, ces bêtes ne respectent rien et caguaient au milieu de la route.

- Que azco dit Bernard,

- Mais non ce sont des petites billes d’herbes sèches et ça ne sent rien.

Bien, vous voyez le virage ne sera pas facile et c’est là que l’on change de cavalier

- Ben moi je veux bien,dit Bernard, car c’est plat et je pourrai tout donner.

- Ok. Mais tu feras bien gaffe la rue est un peu défonce et attention de ne pas péter un axe de roulement. Nous arrivons rue de Turenne et là tu me files le carico et je fonce jusqu’à la rue Dufour et ça descend sec,il ne faudra pas que je m’éclate contre la cave Sénéclauze, (c’est une des plus grande cave d’Oran et en pleine ville ce qui est assez rare, le nectar de chez Senéclauze est réputé dans toute la France,) mais le virage est large et là je proposerai à Robert de prendre le relais, arrivé place Hoche c’est Georges qui si colle jusqu’à l’arrivée au stade du Caïd, je proposerai à Norbert d’être l’infirmier de service et à Marcel d’être pilote remplaçant en cas de casse.

Et voilà le programme,la descente à été plus aisée que la montée rue de Lourmel.

Nous arrivons sous les arcades de la rue d’Arzew.

- Alors vous en pensez quoi ?

- C’est pas mal, mais il faut en discuter avec les autres.

- Bon dés que les autres arrivent on se retrouve à la maison et nous faisons le point en dégustant les bonnes madeleines «  la Princesse » et une tournée de limonade bien fraîche que j’ai acheté avec notre cagnotte.

Cette cagnotte est le fruit des épines d’acacia, je vous explique : au campico du front de mer il y a des acacias garnis de grandes épines, de temps en temps, nous en faisons la cueillette et nous les portons dans différentes brasseries, c’est l’outil idéal pour déguster les escargots de la kémia, sans se salir les doigts, les clients peuvent extraire la bête de sa coquille et quand le patron est bien luné ça nous rapporte quelques pièces et une tournée de limonade.

La bande est maintenant au complet on va pouvoir discuter sérieusement du parcours et de ses embûches.

- René tu nous as tout expliqué, mais, dis moi, le carico il descend tout seul de la rue de Mostaganem ?

- Pourquoi tu me dis ça Robert ?

- mais que leche ! Tu es tonto ou tu fais exprés ?

- Purée mais t’as raison

-Je sais et je sais surtout qu’il faut être un peu médio loco pour faire cette première partie et le plus grand médio loco et surtout casse cou c’est Norbert qu’en penses tu amigo ?

- René, dit Norbert, est-ce que je peux avoir une madeleine de plus ?

-Pos bien sur,

-Alors je suis plus que d’accord !

Et toute la bande applaudi, car ce premier tronçon est plus que casse gueule, mais Norbert se sent prêt a y aller et il ne faut pas le décourager, bien au contraire.

- Donc Marcel sera infirmier et pilote en cas de chute  et au cas où nous improviserons pour l’infirmier.

Autre nouvelles les amis ce soir il faut présenter notre carico dans la cour à l’arrière du bar Setiens pour l’homologation

- C’est quoi c’t histoire ?

-Tous les caricos participant à la course doivent être présentés pour voir s’il n’y a pas de trempas,

-ils ont peur qu’on branche un moteur électrique ? Dit Marcel.

-Je sais pas, je pense, qu’ils vont coller des numéros bien visible sur nos chars d’assaut, mais nous irons, qui c’est qui vient avec moi ?

-ça me dérange pas.

-Ok Marcel rendez vous à cinq heures ce soir devant l’église adventiste.

-Une dernière chose très importante : Norbert prend le premier relais, Marcel, l’infirmier de service, le suit et suivra la course jusqu’au bout, Bernard prend le relais, Norbert et Marcel sont derrière et ainsi de suite il faut que toute la bande arrive ensemble au stade du Caïd et qui c’est les meilleurs c’est les Popeyes de la rue Élisée Reclus : « Caramous, caramous, caramous cow cow et sardina hé bab riba !!!» crie en chœur toute l’équipe. 

Et à Cinq heures ,nous voila, avec Marcel, place Hoche et une bonne odeur de brochettes grillées nous chatouille les papilles.Ben oui le bar Setient est ouvert et tout d’un coup un jaléo, Denis de la rue Nobel à Gambetta que je connais bien, s’embrouille avec le fils du jolatero

- Que passa Denis ?

- Cette bande de tchancléros, y veulent pas homologuer mon carico,

- Et pourquoi ?

- Parce que les roues c’est pas des roulement à billes

- Et c’est quoi ?

- Des roues de landau.

- Tu déconnes Denis, vous êtes tombés du caminico de la muerte à la rue Nobel, da te cuenta un carico avec des roues de poussette et tu t’étonnes qu’il ne soit pas homologué ?

- J’aurais essayé mais trouver des roulements c’est pas évident corre y busquas et tu trouves rien, Aller tchao René et à bientôt avec les « Tchumbos avariés »

- Tchao Denis, hasta la otra.

Ah lala, « les tchumbos avariés » c’est une autre aventure que je vous raconterai un de ces jours .

- Merci René d’avoir convaincu Denis que c’était pas possible, à vous, fais voir l’engin.

- Je présente notre magnifique carico au jury, Laurent, le jolatero fils, emporte le carico et revient dix minutes plus tard,

- C’est d’accord les gars, vous avez le numéro trois que l’on va peindre dessus et on le garde vous le récupérez demain à partir de huit heures et demi, à dix heures moins le quart toute votre équipe doit être en place. Départ de la course dix heures précises, tout retard est éliminatoire.

- Quelle assurance on a que nos engins ne risquent rien au fond de cette cour ?

- La porte sera bouclée à double tour dès que le dernier carico aura passé son homologation.

- Tu ne m’avais jamais parlé de cette clause,

- Le comité d’organisation a décidé cela pour éviter des modifs de dernière minute et que tout le monde soit sur un pied d’égalité.

- Je m’incline mais je te le dis, j’aime pas trop ça, aller tchao à demain.

Le lendemain à huit heures trente pétantes Norbert et Marcel se présentent place hoche pour récupérer le carico, Norbert passe l’inspection de l’engin tout semble correct , et ils attaquent la grimpette vers la rue de Mostaganem.

Cinq caricos se sont vus valider leur participation : place Hoche, Saint Eugène, Élisée Reclus, Saint Pierre supérieur et le plateau saint Michel,

Tout à l’air super bien organisé, des groupes de deux sont prêts a intervenir pour barrer les voies au passage de la course. C’est incroyable mais de nombreux curieux commencent à garnir les trottoirs.

- Purée , Marcel, mais c’est que c’est du sérieux, là faut pas se louper si l’on ne veut pas attraper la jachma de notre vie, j’espère que les copains sont en place et que nous allons tout donner,

Bon Norbert regardes les caniveaux au bord de chaque trottoir, c’est pas du lisse, c’est du pavage si tu te mets la dedans t’es bon pour la casse, t’es N° 3 c’est tout bon, tu seras calé entre les quatre autres, mais attention aux écarts. Et arrivé à la cagaruta prends le virage pas trop sec, Bernard sera prêt pour le relais,

Dix heures moins cinq, Laurent arrive avec un magnifique drapeau à damier noir et blanc, tous les pilotes sont alignés sur la ligne de départ.

- Messieurs, vous êtes prêts : quatre, trois, deux, un, partez !

Dans un infernale vacarme les caricos s’élancent et avalent la rue Beauharnais sans coup férir, arrivés à la cagaruta le n°4 ripe en plein virage et heurte le N°5 qui bugne sur le trottoir et perd son roulement avant L ’arrêt brutal le fait chuter, pour lui la fête est finie.
Heureusement pas trop de mal pour le pilote, juste quelques tchichotes et des éraflures légères . Des spectateurs le prenne en charge un coup de mercure au chrome y basta,

Les autres au coude à coude foncent vers la rue de Turenne, Bernard prend le virage comme un champion et passe en tête, j’ai juste le temps de sauter sur le carico à sa place et en avant la musique à fond la caisse, j’ai l’impression que la cave Sénéclauze va me sauter dessus, un petit coup de volant a droite puis brusque ment à droite et je suis rue Dufour en douceur, Robert prend ma place et vlan direction place Hoche et elle est vite là, virage serré et Georges se jette sur le carico.

Le N°5, plateau Saint Michel fait un tout droit et d’un blinco il abandonne sa monture,un roulé boulée et il est debout, nous ne somme plus que trois et Georges est toujours en tête.

Soudain un grand » CCCCCCCCracccc ! l’essieu arrière casse arrivé rue de Tracktir, le carico ziguezague et stoppe, Georges et fou de rage, place Hoche et Saint Eugène franchissent l’entrée du stade du Caïd et place Hoche d’une courte tête gagne la course.

Bernard vient vers moi et me dit en me montrant le morceau d’essieu cassé avec le roulement à bille bien fixé dessus.

- Regarde René, tu vois comme moi ?

- Oh putain d’enfoirés !

Sur l’estrade dressé les réjouissances vont bon train, j’arrive avec mon morceau d’essieu vers le jolatero

- René désolé mais vous êtes éliminés, c’est vrai c’est rageant mais c’est la loi du sport !

- La loi du sport, tu te fous de moi Laurent ? Regarde l’essieu , si tu appelles ça du sport de scier une partie de l’essieu d’un concurrent, le vrai sport c’est d’annuler cette course truquée, je t’avais dit que laisser les caricos toute la nuit chez vous c’était bizarre.

- Tu m’accuses d’avoir truqué la course ?

- Je t’accuses de rien du tout je constate

- Bon je réunie le comité de d’organisation et je reviens.

Cinq minutes plus tard Laurent revient avec trois autres gars que je ne connais pas.

- René, comme vous étiez bien en tête et que le carico a cassé à l’entrée du stade, nous vous donnons le prix de la combativité et vous serez invités d’office lors de la prochaine course.

- Désolé tout cela c’est très bien, mais je veux que soit reconnu officiellement le sabotage.

Annonces le au micro,

Un quart d’heure plus tard, Laurent saisi le micro et annonce :

- Mesdames et messieurs, nous avons constaté le sabotage du carico des Popeyes, comme ils ont fait la course en tête, le directeur de la société Skill offre à l’équipe trois roulements à billes neufs qui vont leur être remis officiellement, leur donne également la coupe du grand prix de la combativité et les prie de recevoir toutes nos excuses, une enquête va être diligentée dès ce soir, car nous ne pouvons supporter que de tels actes soient organisés place Hoche et merci à tous pour votre participation.

Le pot de l’amitié est offert par la société CLO car tout le monde sait que « si c’est CLO c’est sain ». Bonne journée à tous.

- Bon c’est pas mal les gars et vive les popeyes !!!

Après cette journée bien remplie, retour a casa, maman a mit la table et me tend une enveloppe :

- Tiens fiston on ma porté ça pour toi

Surprise, surprise :

Excuses moi René, je me suis trompé de carico et c’est le tien qui a ramassé les coups de scie, je pensais m’attaquer à celui de la place Hoche, ces enfoirés n’ont pas voulu homologuer mon carico, j’ai crocheté la serrure, un jeu d’enfant pour moi, Désolé ne cherches pas à savoir qui je suis, à titre de revanche je vous dois bien ça,

24 mars 2021

COMMÉMORATIONS 2021 DU 26 MARS 1962

Dépôt d'une gerbe, au nom du Président de la république, aux victimes du 26 Mars 1962, rue d'Isly


COMPTE-RENDU DE LA CÉRÉMONIE EN PRESENCE DE

MME DARRIEUSSECQ - MINISTRE DELEGUEE AUPRES DE LA MINISTRE DES ARMEES CHARGEE DE LA MEMOIRE ET DES ANCIENS COMBATTANTS

DU VICE-PRESIDENT DE l’ASSEMBLEE NATIONALE

DU MAIRE ADJOINT A LA MAIRIE DE PARIS

DE MADAME PEAUCELLE-DELELIS DIRECTRICE GENERALE DE L’ONAC-VG


DES INVITES DE L’ASSOCIATION

GENERAUX LONGUET ET SCHMITT (U.N.C)

ASSOCIATIONS ANCIENS COMBATTANTS,

U.N.C

U.N.P91 

RAPATRIES - HARKIS, PIEDS-NOIRS-

UNHAS  ( ass nationale des harkis)

CLAN.R

MAFA

CERCLE ALGERIANISTE DE NEUILLY  

CERCLE RENAISSANCE :

CARREFOUR DES ACTEURS SOCIAUX 

ANFANOMA CAEN

ANFANOMA NATIONALE ( Yves SAINSOT)

Des porte-drapeaux de l’UNC, de l’UNP, du C.N.C

Et des adhérents de l’association

Dont trois familles représentant les familles Mesquida, Cazayous, Ferrandis


DISCOURS DE MME NICOLE FERRANDIS

 17

Mesdames, Messieurs,

L’association des familles des victimes, vous remercie de participer à la cérémonie dédiée aux Français d’Algérie tombés lors de la fusillade du  26 mars 1962, rue d’Isly à Alger.

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Voici 59 ans, une semaine après le cessez-le feu,  dans les rues d’Alger,  ex-capitale de la France en guerre, une manifestation pacifique était organisée.

Une simple manifestation en soutien à la population de Bab El Oued et pour crier leur volonté de vivre Français sur une terre française…     Leur terre…….  celle de leurs ancêtres.

Ils avancent confiants, derrière des drapeaux bleu-blanc-rouge flottant au vent…………… Leur drapeau !

Il fait beau en ce lundi de printemps, les hommes, femmes de tout âge avancent, souriants comme beaucoup de photos en attestent.   Pourquoi s’inquiéter?

Le long du parcours, ils ont bien rencontré des barrages mais les militaires se sont écartés, bon enfant.

Alors…….. Que pourrait-il bien arriver ?

Soudain, parvenus à la Grande-Poste,  au centre d’Alger,  le barrage se ferme devant eux.

Ils attendent, parlementent…

Tout à coup, brutalement, les militaires face à eux ouvrent le feu,  à l’arme lourde…. sans sommation !

Pas de grenades lacrymogènes, pas de lance à incendie pour les disperser. Non,  ils tirent dans le dos des manifestants qui fuient, sur ceux qui se sont jetés à terre et tentent vainement de se protéger.

Ils tirent pendant plusieurs longues minutes…

Un civil crie : « Mon lieutenant, je vous en supplie, criez avec moi halte au feu »…

Le lieutenant donne l’ordre, quelques instants de répit et le feu reprend, une fois, deux fois…

Des blessés seront achevés…

Personne, n’est jamais prêt à voir disparaitre un être aimé.

Mais à cette douleur s’ajoute la façon dont il est mort !

Ainsi la dernière image de sa vie aura été celle de voir des soldats français tirer sur lui !...

En quelques minutes, 49 vies au moins seront fauchées, toutes du côté des civils, parmi lesquels des Anciens Combattants, décorés pour s’être battus   pour la France lors des deux conflits mondiaux.

Plus de 200 blessés ….

Puis, ce sera l’acharnement,  les adieux des familles à leurs défunts fixés par les Autorités, les cérémonies religieuses interdites, les corps amenés par camions militaires directement aux cimetières, les fleurs piétinées...

Puis la terrible, l’interminable chape de plomb, le silence, rompu seulement par les accusations, les sous-entendus  « ils voulaient renverser le gouvernement, ils l’ont bien cherché et n’ont eu que ce qu’ils méritent ! »

Mais les enquêtes, minutieuses, l’ont prouvé, aucune arme sur les victimes, simplement des drapeaux français, tachés de leur sang.

Dès lors, ce sera le signal du départ, de l’exode, qui deviendra l’exil.

Comment rester, après 8 années de terrorisme, quand une manifestation pacifique est réprimée dans le sang ? Comment rester en ce printemps, cet été 1962, quand les enlèvements n’épargnent pas même les enfants?

La stupeur, la douleur, l’angoisse étreignent les Français d’Algérie. Il faut fuir, fuir cette terre tant aimée….

Ceux qui ne pourront le faire connaitront un sort affreux, notamment le 5 juillet à Oran, véritable   chasse à l’homme !

Des années de silence ont suivi.  Nous avons attendu près d’un demi-siècle pour obtenir que nos morts sortent enfin de l’ombre …

En 2009,  l’Association des Familles des Victimes du 26 mars 1962 et l’ANFANOMA obtenaient enfin que la liste des victimes soit inscrite sur la colonne centrale du mémorial de la guerre d’Algérie.

L’affichage sur cette colonne blanche était inauguré le 26 mars 2010, ouvrant la voie aux disparus dont la liste sera inscrite en février 2012.

Ce fut le premier pas vers la reconnaissance tant attendue !

Aujourd’hui, un deuxième pas est franchi, grâce à votre présence, Madame la Ministre et par cette gerbe que vous allez déposer au nom du Président de la République.

Nous espérons que le dernier pas arrivera prochainement,

 car nous n’avons toujours pas obtenu l’aveu public, officiel, la reconnaissance de responsabilité et de la dette morale de la Nation à notre égard.

Dans quelques instants, la sonnerie aux Morts va retentir. Nous associons à notre recueillement tous nos morts ou enlevés disparus, Civils et Militaires, Harkis et Membres des forces supplétives.

Tous aimaient le drapeau français !  Tous ont été sacrifiés !


A 14h40  Lecture par M Vauclair du "RUE D'ISLY"  de Pierre NICOLLE

Le soleil déjà chaud dore la baie d'Alger,

L'air est léger sur la ville,

La ville inquiète, angoissée,

La ville bourrée de troupe,

De forces de police,

D'uniformes français,

La foule s'avance rue d'Isly

Visages tendus, mais calmes,

Derrière des drapeaux français,

Longues rafales,

Corps enchevêtrés en tas ;

Morts, Blessés, rescapés,

Hurlements de douleur et de stupeur,

D'un côté la France

et de l'autre la France,

Cauchemar ou réalité ?

Mais là, sur la chaussée,

S’étalent de larges taches rouges

De l'impossible tuerie


14h43 LES GERBES


GERBE DU GRDFA déposée par M LARMANDE

15


J.F VALLAT (MAFA)

16


Familles Cazayous et Mesquida

14


ANFANOMA DE NORMANDIE.  Jean-Paul Georges

13


M GUERFI : UNION NLE DES HARKIS et  M. BONNIER – CLAN.R

12


Général   LONGUET PRESIDENT DE L’U.N.C NATIONALE

11


Nicole Ferrandis

10


LA GERBE DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

8


MME G. DARRIEUSSECQ

9


14H 50 LECTURE DE LA LISTE DES VICTIMES    (Yves Sainsot)

7


SONNERIE AUX MORTS

6


LA MARSEILLAISE

5


LE CHANT DES AFRICAINS

4


REMERCIEMENTS

2 3

FIN DE LA CÉRÉMONIE

En toute fidélité,

Nicole Ferrandis

association des familles des victimes du 26 mars 1962

isly26mars@wanadoo.fr


En raison des mesures sanitaires. Dans la limite stricte de 30 participants – (inscription obligatoire)

Cérémonie à Paris

En Mémoire des Victimes de la fusillade rue d’Isly à Alger,

Vendredi 26 mars 2021

au Mémorial National de la guerre d'Algérie

 1

association des familles des victimes du 26 mars 1962

isly26mars@orange.fr

DERNIERE MINUTE :

 Mme Darrieussecq Ministre déléguée auprès de la Ministre des Armées, chargée de la mémoire et des Anciens Combattants déposera une gerbe du Président de la République lors de la cérémonie qui demeure associative


Cérémonies en province


ANFANOMA- CAEN

le 25 mars, à 15h au cimetière Saint-Gabriel, Cérémonie à la stèle de l’ANFANOMA.


CLERMONT FERRAND

cérémonie le 26 mars à 11h  stèle des rapatriés cimetière Saint-Jacques à Clermont Ferrand. Messe le 26 mars à 16h  à l’Eglise Saint-Genès des Carmes à Clermont Ferrand.


ANFANOMA-TOURS

26 mars à 10H30, cérémonie stèle ANFANOMA


PAU

26 mars à 16h, stèle des rapatries du Grand cimetière de Pau.


ANFANOMA-GRASSE

26 mars 10h messe en la cathédrale notre du puy. 11h15  cérémonie cimetière Ste  Brigitte à la stèle de l’anfanoma


ANFANOMA ARLES- SAINT MARTIN DE CRAU

Messe le 26 mars à 9h en l’eglise Saint Martin de Crau.


ANFANOMA-MONTELIMAR

26 mars stèle  de l’anfanoma 11h au cimetière.

RETOUR COMMEMORATIONS


15 mars 2021

J’AIMERAIS QUE LA LICRA CRITIQUE PLUS FERMEMENT LE MEPRIS DU SEPHARADE (1)

BENJAMIN STORA ENVERS LA COMMUNAUTE « HARKIE »

Licrastasi

Par Jean-Michel WEISSGERBER

Suite à la parution du rapport de Benjamin STORA sur la question relative à l’Algérie française (2), une tribune libre paraissait dans le quotidien LE MONDE intitulée « Les harkis méritent mieux qu’un rapport mémoriel lacunaire et cynique à leur égard ».

Tout est fort justement dit dans cette phrase !

Ce qui l’emporte dans la prose en cause, c’est un profond cynisme qui entend évacuer un problème dérangeant pour la perpétuation des petites magouilles qui régentent les relations entre les mondialistes affairistes d’un côté de la Méditerranée et les escrocs et prébendiers criminels de l’autre.

En 1962, l’Algérie a été livrée à la violence aveugle du FLN.

Comment ne pas regretter qu’une une autre solution n’ait pas prévalue, ne serait-ce qu’au regard aujourd’hui, de deux réalités terribles :

-          « plus de 5000 responsables algériens nommés à des postes sensibles, par décrets publiés dans le journal officiel de la République Algérienne et populaire, détiennent aussi la nationalité française mais en cachette (3) ;

-          13500 médecins algériens exercent en France.

Les héritiers du FLN maudit règnent toujours et les continuateurs de ceux qui en France leur ont tout cédé s’accrochent toujours aux branches.

Le très servile Benjamin STORA est chargé de faciliter les contacts de part et d’autre, ceci sous l’angle qui présente le plus d’aspérité que l’on qualifie de « mémoriel ».

Quand Dalila KERCHOUCHE et Charles TAMAZOUNT appellent à se souvenir du combat sans faille des soldats musulmans pour défendre les valeurs françaises, en l’intégrant pleinement à notre récit national, savent-ils que cela n’est pas vraiment gagné d’avance et que les obstacles qui vont se dresser sur leur route ne seront pas minces, d’autant plus qu’ils ne se situent pas seulement du côté des islamistes et de leurs idiots utiles, les islamo-gauchistes.

Pour ma part, suite aux réactions consécutives à l’immersion dans l’actualité de ce trop fameux rapport dit STORA et compte tenu de l’accusation de cynisme (grave, mais au combien justifiée) à l’encontre d’une communauté très vulnérable, je m’imaginais benoitement qu’une association subventionnée par l’Etat, car honorablement et historiquement connue pour son soutien aux stigmatisés et persécutés, interviendrait aujourd’hui de façon ad’ hoc.

Cette association est intitulée « ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme » (LICRA).

Je me souviens, entre autres, qu’en novembre 1977 sous la  houlette du charismatique Jean PIERRE-BLOCH, la LICA, ancêtre de la LICRA, avait dénoncé l’incarcération dans les prisons algériennes de 500 harkis ! (4)

Plus récemment, j’ai relevé la ferme critique de « l’œuvrette » odieuse d’un incertain Pierre DAUM, journaliste, ce n’est pas un hasard au Monde Diplomatique du fils de Gisèle HALIMI (5), qui s’est livré heureusement en faisant un beau flop, à une démarche négationniste au sujet du massacre des harkis.

C’est le vice-président de l’actuelle LICRA, Alain DAVID, qui s’est collé à cette nécessaire tâche de correction de manière un tantinet discrète mais qui fut efficace !

J’espérais et j’espère encore que la LICRA ne s’en tiendra pas là ! Et qu’elle continuera et même intensifiera un indispensable soutien à nos compatriotes dans la fustigation d’une écriture très déséquilibrée, pour le moins de l’Histoire.

Il est indécent que se poursuive une démarche dont le seul but effectif est de flatter l’orgueil démesuré d’un certain nationalisme algérien, de ceux qui, un jour réclament une indemnisation (au fait combien de centaines de milliards d’euros, une centaine ou 7 ?), un autre, la « restitution » de la Tour Eiffel…

A défaut d’être rassuré dans les plus brefs délais, j’en viendrais bien vite à la conclusion qu’une récente agitation médiatique, destinée à poursuivre apparemment une égérie indigéniste comme par hasard franco-algérienne, constitue de la poudre aux yeux…

La LICRA obéit-elle à sa vocation affichée de défendre toutes les victimes sans aucune distinction ou constitue-t-elle une officine islamo-gauchiste comme hélas bien d’autres ?

Jean-Michel WEISSGERBER

Colmar, le 15  mars 2021

Renvois :

(1) C’est-à-dire de la même origine que les harkis.

(2) Appellation bien plus proche de la réalité que colonisation et guerre d’Algérie, car et d’une, l’Algérie était bien constituée de départements français, même s’il subsista trop longtemps une dimension inégalitaire, dont la partie non  « indigène » ne fut pas la seule responsable et de deux, la dite guerre d’Algérie, plus singulièrement dénuée de batailles meurtrières à l’opposé de la guerre d’Indochine, où s’illustrèrent tant de combattants musulmans.

(3) Voire l’excellent et très instructif ouvrage de l’enseignant à Sciences Po de Paris, Naoufel BRAHIMI EL MILI, « France et Algérie, 50 ans d’Histoire secrète, tome I 1962-1992 » p.402.

(4) « Le Livre des harkis » par Taoues TITRAOUI et Bernard COLL éd. Pieds-Noirs, p.223.

(5) Le Monde Diplomatique qui, bien évidemment n’ouvre guerre ses colonnes sur un sujet qui ne l’émeut pas et dont le directeur Serge HALIMI, s’abstient de répondre à l’interpellation de la mémoire de la trop célèbre porteuse de valise dont nombre de femmes et de filles de harkis s’opposent à la « panthéonisation » (le figaro, janvier 2021).

J’ai écrit personnellement avec AR à ce drôle de Serge, il y a 6 ans, pour l’interroger sur les vaticinations de son « collabo » pardon… collaborateur P.Daum. Pas de réponse bien sûr.

Jean-Michel WEISSGERBER

Article transmis par Maurice Calmein

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14 mars 2021

COMMUNIQUÉ DE PRESSE DU CERCLE ALGÉRIANISTE NATIONAL

Cercle algérianiste national
Sauvegarder, défendre, transmettre l'histoire et la mémoire
des Français d'Algérie

Le maire de Perpignan Louis ALIOT
interpelle Benjamin STORA

Louis ALIOT, maire de Perpignan, adresse aujourd’hui une lettre ouverte* à l’historien Benjamin STORA, auteur du « Rapport sur les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie » remis à Emmanuel MACRON.

Lui reprochant ses « omissions » et « dissimulations », il l’invite ce 19 mars, « date du pseudo-cessez-le-feu de 1962 », à venir à Perpignan se « recueillir, réfléchir, et peut-être discuter » autour d’une « quarantaine de photos et de documents » témoignant des « tortures et massacres généralisés » du FLN dont furent victimes les harkis et pieds-noirs.

Le CERCLE ALGÉRIANISTE, salue cette initiative à l’heure où le chef de l’État poursuit sa marche vers la repentance en officialisant déjà plusieurs des préconisations de Benjamin STORA dont le rapport partisan n’a qu’un objectif : légitimer l’indépendance des algériens par tous les moyens, y compris la terreur.

Le CERCLE ALGÉRIANISTE, en rappelant que le chemin de la paix entre la France et l’Algérie exige l’équité des mémoires et que chacun reconnaisse sa part d’ombre, espère que Benjamin STORA acceptera l’invitation du maire de Perpignan et qu’il trouvera aussi le temps de venir s’incliner devant le Mur des Disparus.

Suzy SIMON-NICAISE
Vice-présidente nationale du Cercle algérianiste

Perpignan, le 10 mars 2021

Lettre ouverte à Benjamin STORA par Louis ALIOT, maire de Perpignan

En matière de mémoire, il est nécessaire, et même vital, de rappeler sans cesse la réalité des faits, y compris par les images les plus terribles, afin que ceux-ci survivent à l’épreuve du temps. Cela s’applique notamment à tous les conflits et tragédies qui ont marqué la France, dont la guerre d’Algérie.

La vérité est à ce prix.Monsieur STORA, votre « Rapport sur les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie », remis le 20 janvier au Président de la République, ne contient pas que des contre-vérités. Il occulte en revanche sciemment, comme Emmanuel MACRON vient à nouveau de le faire sur vos conseils, des faits innommables qu’il convient de rappeler. En ce 19 mars, date du pseudo-cessez-le-feu de 1962, après lequel entre 50 000 et 100 000 harkis - voire 150 000 selon certains documents officiels -, et entre 3 000 et 5 000 pieds noirs furent assassinés, j’ai décidé de rendre hommage à ces victimes oubliées, hier abandonnées par la France, aujourd’hui abandonnées par l’histoire.

Ce geste de justice et de réparation prendra la forme de l’ouverture, en ce 19 mars, d’un lieu de mémoire et de recueillement accessible sur réservation, salle des Libertés, à Perpignan, où sera exposée une quarantaine de photos et de documents rappelant, dans toute leur cruauté, ce que vous-même, et nombre d’historiens, vous échinez à dissimuler : les tortures et massacres généralisés dont furent victimes, en Algérie, des dizaines de milliers de nos compatriotes, en particulier musulmans, femmes et enfants compris, de la part du FLN - aujourd’hui encore au pouvoir dans ce pays, où il maintient sous sa coupe son peuple et sa jeunesse. Ces documents et photos, toutes issues de publications officielles des gouvernements français de l’époque, je ne vous ferai pas l’injure de penser que vous les ignorez.

En tant que maire de Perpignan, si imprégné de l’apport des rapatriés et des harkis, et de leurs descendants, mais aussi en tant que fils et petit-fils de pied-noir moi-même, je ne peux en revanche souffrir que vous les passiez sous silence – conjuguant ainsi celui-ci avec repentance.

Ce n’est pas la vérité, ennemie de tous les totalitarismes, qui est dérangeante, Monsieur STORA, c’est son omission. Or vous avez fait preuve, dans votre rapport, d’un rappel des faits, de jugements et de « préconisations » qui omettent une large part de ces vérités. Je vous invite donc, si vous le souhaitez, à venir ce 19 mars à Perpignan, comme j’y invite les Perpignanais dans le strict respect des règles sanitaires, à vous recueillir, réfléchir, et peut-être discuter, autour de ces photos et documents, qui, certes cruels, sont avant tout porteurs de vérités. Fussent-elles dérangeantes...

Bien à vous.

Louis ALIOT Maire de Perpignan

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17 février 2021

RENVERSEMENT INATTENDU EN ALGÉRIE

Il est trop tard pour avoir des remords Incroyable mais vrai !!! La jeunesse algérienne a la nostalgie de la période coloniale !!!

            Nous sommes à des années lumières de la culpabilisation d'inspiration gauchiste prônée par Macron. « Le temps béni de la colonisation » et ce n'est pas moi qui le dis. Il se passe quelque chose d'assez extraordinaire en Algérie : « la nostalgie du passé chez les jeunes Algériens ».

            Je lis dans le quotidien « El Watan », de ce début du mois de novembre, un article qui me touche énormément. Pourquoi ? Parce que, non loin de la Grande Poste d'Alger se tient une exposition de vieilles photos et cartes postales anciennes. Des passants, beaucoup de jeunes surtout des étudiants, s'arrêtent, fouillent, regardent cette photo de la rue Dumont-d‘Urville en 1930 (rue Abane Ramdane aujourd'hui) et surtout ils commentent : Il paraît que c'était la belle époque. Nous sommes nés dans les années 90 et tout ce que l'on apprend de l'Algérie ce sont les critiques de nos politiques contre la France, la corruption, le terrorisme et la misère qui va avec.

            A travers les réseaux sociaux on retrouve cette même nostalgie du passé. Des centaines de pages consacrées à ces vieilles photos et cartes postales anciennes, et l'on note des commentaires flatteurs : A l'époque de la France, c'était tellement propre », « Je donnerai tout pour vivre ces années-là », « La différence est immense », « Autrefois on vivait mieux », « A l'époque de la France, l'Algérie avait plus de valeur à l’étranger » De plus, des sondages récents montrent que plus de 70% des jeunes algériens rêvent de partir vivre en France. « Aujourd'hui je suis trop triste et je suis même très déçu, affirme Hacène, qui gère la page « l'Algérie à une certaine époque » et se dit fasciné par le charme de la ville d'Alger avec le respect mutuel qui existait, la « horma », la quiétude, les femmes en haïk, c'est la plus belle époque qu'a connu l'Algérie.

            Je me souviens de cette confidence de mon ami Boubekeur (qui fut goal de la sélection algérienne et de l'équipe de l’AS. Monaco) avant que malheureusement il ne nous quitte définitivement : Avant, quand j'allais à Bab-el-Oued dans ma jeunesse avec mes amis français c'était la joie de vivre, le bonheur, les rires, l'amitié. Aujourd'hui quand il m'arrive d'y passer, je mesure la différence et je pleure ces années-là.

tel que nous l’avons connu quand nous y étions et avant que la politique des salauds s’en mêle

            Hassène Zerkine, grand collectionneur de cartes postales, raconte : « Quand j'ai commencé cette collection, il y a 40 ans, j'étais loin d'imaginer les questions que se posent les jeunes aujourd'hui. Une grande partie des Algériens qui ont vécu l'époque coloniale n'est plus, et ceux qui sont nés au cours des années 50/60 n'ont de ce passé que des images de guerre.

            Nombreux donc ignorent que leur passé ne se limite pas à la « révolution de 1954 ». Ils ne savent pas qu'il y avait autre chose, les gens vivaient fraternellement, fêtaient les mariages, allaient au cinéma, à la plage, au théâtre, et qu'il y avait une vraie vie culturelle, sportive, artistique. Dans mes commentaires sur ma page Facebook je retiens, bien sûr, que la nostalgie du passé est classique, mais cette nostalgie est liée à la situation dégradée de l'environnement et de l'insalubrité qui règne dans l'Algérie indépendante.

            Cette nostalgie, c'est celle de l'ordre et de la propreté de l'époque coloniale. Je m'étonne toujours du fait que les jeunes Algériens « idéalisent » la période coloniale, dépassant ainsi le but recherché par cette exposition qui n'avait pour objectif de présenter le progrès et la civilisation apportés par la France.

50

            La décadence actuelle c'est à travers la tenue vestimentaire que je la constate. Regardez ces jeunes femmes avec leur hijab, djelbab, où je ne sais quel autre accoutrement qu'elles utilisent de nos jours. C'est ce côté de l'histoire de notre pays que je veux montrer, ce côté que les médias occultent volontairement.

            Et le constat général c'est : à l'époque de la France « C’était le bon vieux temps ». Et là non plus, ce n'est pas moi qui le dis! C'est Hocine Aït Hamed, l'un des chefs historiques de la révolution algérienne : Chasser les Pieds-Noirs a été plus qu'un crime, une faute, car notre chère Patrie a perdu son identité sociale. Avec les Pieds-Noirs et leur dynamisme, je dis bien les Pieds-Noirs et non les Français, l'Algérie serait aujourd'hui une grande puissance méditerranéenne.

            Hélas ! Nous devons reconnaitre que nous avons commis des erreurs politiques et stratégiques. Une question se pose : Si les jeunes algériens en ont marre de la victimisation officielle et d'entendre leurs vieux politiciens critiquer la France, et qu'ils ressentent une nostalgie de la période française, alors comment le président Macron va-t-il vivre cette évolution pro-française, lui qui a toujours voulu mettre en avant les crimes de la France, et faire culpabiliser les français ?

            Macron va-t-il devoir organiser une nouvelle campagne de victimisation anti-française, pour ramener les jeunes algériens à la raison ?

Publié par Manuel Gomez le 9 novembre 2020

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Manuel Gomez pour Dreuz.info.

Ce récit mérite largement sa place dans nos coups de coeur

Retour COUPS DE COEUR.

17 février 2021

RAPPORT DE STORA AVIS DE JEAN-PIERRE LIEDO

Par jp Lledo

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           Le 20 janvier dernier, Benjamin Stora a remis à Emmanuel Macron un rapport sur « les mémoires de la colonisation et de la guerre d’Algérie ». La Revue Politique et Parlementaire a recueilli la réaction du cinéaste Jean-Pierre Lledo, que nous publions en cinq parties.

           Avant toute chose, il me semble nécessaire de dire que je ne suis pas historien, mais cinéaste ; que je suis né comme Benjamin Stora en Algérie, trois ans avant lui ; que tout comme lui, je suis juif, mais contrairement à lui uniquement par ma mère ; que je n’ai quitté l’Algérie dont j’ai encore la nationalité, qu’en 1993, chassé par le terrorisme islamique du FIS-GIA ; que j’ai été un militant communiste partisan de l’indépendance de l’Algérie ; que dans cette Algérie indépendante, j’ai toujours été un contestataire ; que j’ai été en quelque sorte excommunié à partir du moment où je me suis posé la question du « pourquoi ? » de l’exode massif des non-musulmans en 1962, et que mes films, réalisés à partir de la France, m’ont mené à l’évidence que c’était le projet nationaliste même qui excluait toute mixité ethnique. Le point d’orgue étant la censure de mon film Algérie, histoires à ne pas dire par les autorités algériennes en 2007, et, plus grave encore, ma condamnation par mes anciens « camarades ».

           D’emblée il me faut dire que je ne puis dissimuler mon effarement devant la personnalisation de ce « rapport ». Dans cette démarche de « réconciliation » souhaitée par le Président de la République, Stora représenterait donc la Voix de la France ? Mais même si cela était vrai, n’eût-il pas fallu que son auteur s’efface ? Au lieu de quoi le lecteur, gavé d’auto-citations, se voit encore infliger son autobiographie politique, et même ses amitiés algériennes1 ! Jusque-là, je croyais que lorsqu’on était missionné par l’État, on accomplissait une tâche d’envergure nationale. Généralement, et comme il se doit, lorsque l’on n’est pas soi-même un cadre de l’État, on est même rémunéré. Serait-ce une indiscrétion de demander à quelle hauteur l’a été Stora qui, par ailleurs, fait éditer ce rapport sous forme de livre, à son propre nom naturellement ?

Ceci pour la forme.

           Pour le fond, on est troublé par la question du statut de ce « rapport ». On ne sait jamais à qui ce rapport est destiné. Apparemment à la France, surtout. Mais, sur le ton de la prière, à l’Algérie aussi puisqu’on lui demande de faire « son possible » pour que les Harkis puissent librement y circuler, ou qu’on la prie de bien vouloir faciliter l’accès aux archives pour les étudiants français. Ce qui est une grande supercherie, car Stora devrait être le premier à savoir que les archives de la guerre ALN-FLN ne seront jamais ouvertes ni aux Algériens ni encore moins aux étrangers, en tous cas tant que la démocratie ne pourra s’y imposer. Si l’objectif est bien de réconcilier des mémoires meurtries, il y avait pourtant tant de choses à demander à l’Algérie ! (Voir plus bas, « mes préconisations »).

           Mais au fait, n’était-il pas prévu originellement une rédaction duelle, franco-algérienne ? Pourquoi Stora ne commence-t-il pas par s’expliquer à ce sujet ? Pourquoi donc une publication unilatérale qui déséquilibre profondément ce rapport, une publication qui, on peut le supposer, n’aurait pu être consentie sans une lecture préalable du Président de la République lui-même ?

DÉSÉQUILIBRÉS

           Je suis en effet atterré par le profond déséquilibre qui marque et délégitime ce « rapport ».  « Réconcilier » après un conflit, quel qu’il soit, exige au minimum que l’on écoute les parties en conflit avec autant de respect, voire d’empathie. Or lorsque des « massacres » y sont évoqués, il ne s’agit que de ceux dont ont été victimes les « Algériens ». Stora ignorerait-il que dans la région de Sétif en mai 1945, puis dans le Constantinois le 20 août 1955, ce sont les nationalistes arabes qui déclenchèrent des insurrections dont la cible, au faciès, furent les non-musulmans, n’épargnant même pas les communistes, pourtant partisans de l’indépendance ? Stora ignorerait-il les livres de Roger Vétillard2 ? Lorsque l’on parle des Harkis, on évoque des « représailles », ce qui est reprendre à son compte le narratif de l’État algérien les criminalisant.

           Lorsqu’on cite les noms de ceux dont on a pris conseil, on peut par exemple lire le nom de l’association « Coup de Soleil », dirigée par le socialiste Georges Morin, proche des convictions de l’auteur, mais pas celui du « Cercle Algérianiste » qui est pourtant la plus grande association de Pieds Noirs, d’opinions politiques diverses. Déséquilibre encore lorsque l’on convoque certains historiens, et pas d’autres… Comment ignorer Pierre Vermeren, pour ce qui est de l’histoire contemporaine du Maghreb ou de Jacques Marseille lorsqu’on parle de colonisation, lequel, à contre-courant, démontra qu’à compter de 1930, l’empire colonial fut loin d’être d’un bon rapport pour les États et qu’il entrava même le développement économique de la France… Pressé depuis des années de parler du massacre du 5 juillet 1962 commis à Oran par le FLN-ALN,  Stora y consent enfin, mais lorsqu’il évoque « la question des disparus », il ne cite pas Silence d’État de Jean-Jacques Jordi le seul livre sur cet événement qui donne les noms des tués et disparus, plus de 700. Déséquilibre aussi lorsqu’il détaille l’action musclée de l’armée française durant la « Bataille d’Alger » sans dire qu’elle fut provoquée par une vague terroriste FLN de grande ampleur qui cibla avec des bombes essentiellement des civils. Stora parle « des 3 000 disparus algériens de la « bataille d’Alger » », mais pourquoi tait-il les 3 000 disparus non-musulmans de l’année 1962, et à partir du « cessez le feu » du 19 mars 1962, largement documenté par Jean Monneret dans La Phase finale de la guerre d’Algérie, cet historien ayant été aussi été le premier à publier sur le 5 juillet 1962 à Oran, La Tragédie dissimulée. Déséquilibre encore lorsque Stora donne les noms de femmes arabes torturées et violées par des militaires, mais pas ceux de ces deux enfants Nicole Guiraud et Danielle Chiche dont la bombe posée au Milk Bar d’Alger par Zohra Drif, arracha, respectivement, le bras et la jambe.

    Ces « déséquilibres » sont trop nombreux pour être ici signalés, ils sont la trame même de ce « rapport ».

            L’auteur avait pourtant tenu à se revendiquer d’une « histoire non hémiplégique » (formule du « Cercle Algérianiste » dont la source est tue !). Mais est-il possible de se refaire, lorsque toute sa vie on a pratiqué l’histoire comme un militant politique sans s’obliger à se remettre en question, comme tout historien lié par ses origines à cette histoire devrait s’y astreindre ? Dans le cas de Stora, c’est évident que non. Cependant, hormis la propre responsabilité de l’historien, n’y a-t-il pas celle tout aussi évidente du Président de la République qui a confié un rapport si délicat à un seul homme, en faisant automatiquement un historien officiel. Qu’il ait été incapable de s’évader de ses propres préjugés ou qu’il ait essayé de répondre à la demande politique du président, Stora a chuté, gravement. Comme ne manqueront pas de chuter tous ceux qui se dispenseront d’interroger les narratifs historiques à l’œuvre tant en France qu’en Algérie. Car ceci est un préalable.

NARRATIFS DE L’ÉTAT ALGÉRIEN ET DE L’ÉTAT FRANÇAIS

           Le narratif de l’État algérien est assez sommaire. L’Algérie a été colonisée. La colonisation est un crime absolu (économique, politique, culturel). La guerre de libération a été la seule manière d’accéder à l’indépendance. Seuls les Arabo-musulmans sont automatiquement Algériens, ce que le Code de la nationalité de 1963 entérine. Les autres, les colons, c’est-à-dire des étrangers, se devaient de quitter l’Algérie. L’indépendance n’a pas mis fin à la négativité du colonialisme, puisqu’il a mué en « néo-colonialisme ». 60 ans après, l’Algérie en subit toujours « les séquelles », sans doute ad vitam aeternam. La France doit se repentir, sans doute aussi ad vitam aeternam.

           Le narratif de l’État français est presqu’aussi caricatural, sauf qu’il a tant évolué qu’aujourd’hui il serait presque le calque du narratif de l’État algérien. Mai 1945 et août 1955 ont été des « massacres » commis uniquement par l’armée française. Et par la bouche de son dernier et actuel Président de la République, « la colonisation a été un crime contre l’humanité ». Hier, bienfait civilisationnel, aujourd’hui méfait absolu.

           Pour ma part, je considère que le principal obstacle à la réconciliation franco-algérienne réside dans ce double, voire aujourd’hui unique, narratif historique, car il fait écran à la vérité.

           Ne pas s’interroger à son sujet, ne pas le remettre en question conduira à reproduire sans fin les ressentiments des uns et des autres. Cette remise en question ne pourra être le fait que d’authentiques historiens capables de tenir à distance leur opinion politique, voire leur nationalisme, et non d’historiens officiels adoubés par les deux États. Indépendance des historiens, liberté de pensée, accès libre aux archives algériennes et françaises, sont des préalables absolus.

Fin de la première partie « Missionné » par ma propre conscience,

Jean-Pierre Lledo

           Ici, Merdaci, gratifié de ‘’grand historien’’ sans que nous sachions à quel titre ! L’ayant connu depuis 1963, donc bien avant Stora, je puis témoigner qu’en Août 2005 alors que je préparais mon dernier film sur l’Algérie, il me parla de la conférence qu’il allait prononcer lors de la grande messe annuelle d’un ‘’Colloque national pour le 20 Août 1955’’, en me disant son admiration pour Zighout Youcef, qualifié de ‘’grand stratège’’, lequel dirigea le massacre au faciès de 130 non-musulmans… ↩

           « Sétif, Guelma, mai 1945, Massacres en Algérie » (2de édition), éditions de Paris, Versailles, 2011. « 20 août 1955 dans le Nord-Constantinois : un tournant dans la guerre d’Algérie ? », éditions Riveneuve, 2011, 3ème édition augmentée 2014. « La dimension religieuse de la guerre d’Algérie 1954-1962″, éditions Atlantis, Friedberg, 2018. « La guerre d’Algérie, une guerre sainte ? » éditions Atlantis, Friedberg,2020 ↩

    Fatima Besnaci-Lancou, Dalila Kerchouche et 49 cosignataires. Figaro du 28 janvier 2021.

    On me signale aussi le travail de recherche et d’alerte réalisé par l’ASFED (Association pour la Sauvegarde des Familles et Enfants de Disparus) dès la fin de la guerre, ainsi que du GRFDA (Groupe de Recherche des Français Disparus en Algérie) créée en 2002.

    Je pense que le narratif de l’Etat français n’a pas évolué en fonction de considérations scientifiques, mais économiques et politiques.

           A l’instar de l’Europe, la France a eu besoin de main-d’œuvre et de pétrole. Elle a « dealé » avec l’OCI (organisation de la coopération islamique) qui a imposé ses conditions et ses narratifs sur l’islam, religion de paix et d’amour, sur la remise en cause de la laïcité, sur l’immigration, sur les colonisations… et sur Israël.

           Quant à l’inamovible narratif de l’État algérien, il ne pourra jamais changer, tant que cet État restera totalitaire dans son essence, tant que les Archives FLN-ALN ne seront pas libérées, tant qu’il ne sera pas possible de remettre en question les dogmes du nationalisme algérien, concernant la guerre d’Algérie, la colonisation et l’identité nationale. Ce narratif ne pourra jamais changer car il est le socle même de l’État algérien depuis 60 ans. Sans lui, il s’effondre. Malgré d’impressionnantes richesses naturelles qui ne servent qu’à la consommation, l’État-FLN a perdu toute légitimité sur le plan de l’économie (Stora note que c’est la France qui exporte des hydrocarbures vers l’Algérie, sans que cela le fasse réagir !!!), sur le plan de l’identité (les Amazighs  désormais en rupture de ban, réclament leur indépendance), sur le plan de la santé (les présidents donnent l’exemple en allant se soigner à l’étranger), sur le plan de la culture (les écrivains et les cinéastes tentent de se faire éditer et produire en France), et plus largement sur le plan du bien-être général et de l’espoir (le rêve de toute une jeunesse est de « foutre le camp »). Ceci sans parler de la gangrène-corruption. Face aux diverses contestations, notamment la plus dangereuse, celle des islamistes, l’unique légitimité qui subsiste est donc celle de la légitimité historique, celle d’avoir mené la « guerre de libération ». L’Organisation des Anciens Moudjahidine (ONM) adoube chaque nouveau président en contrepartie de la reconduction de multiples avantages moraux et (surtout) matériels. Donnant donnant… Des rencontres quasi-annuelles « d’écriture de l’histoire de la guerre de libération », rien de consistant n’en est jamais sorti depuis 60 ans.

           Le plus grand mythe produit par les jeunes promoteurs nationalistes de cette guerre qui créeront le FLN, est son inévitabilité. Faute de pouvoir contester politiquement et pacifiquement la colonisation, il fallait recourir à la lutte armée. Or comme tous les mythes, s’il a la vertu de l’auto-justification, il ne correspond nullement à la réalité. Car depuis la fin de la Première Guerre mondiale, jusque dans les années cinquante, tous les marqueurs d’une vie politique et associative sont en progression constante et de façon géométrique. De plus en plus d’associations, de syndicats, de partis, d’organisations de femmes et de jeunes, de journaux, de revues, de meetings, de manifestations, etc. qui correspondent à de plus en plus de lettrés, d’intellectuels, d’écrivains et d’artistes… Une telle progression, durant une décennie encore, aurait eu le triple avantage de former une société civile que la guerre détruira, de ménager une sortie pacifique de la colonisation, et sans doute aussi de faire de la nouvelle Algérie, une société multi-ethnique garantissant les droits culturels et cultuels de ses minorités. Au lieu de quoi, nous aurons une guerre de plus de 7 ans, des exactions de part et d’autre, 300 000 morts, le massacre des Harkis et l’exode d’un million de non-musulmans. Enfin, cerise sur le gâteau de l’indépendance, les militaires au poste de commandement, et ce jusqu’à ce jour. Mais quand on détruit sa propre société civile, à quoi d’autre peut-on s’attendre ?

           Les historiens auront à nous dire pourquoi c’est l’option violente qui été choisie. Mon hypothèse est qu’elle était la conséquence inéluctable de la pensée nationaliste fondée sur l’islam pour laquelle l’identité nationale avait été, de par le sang, arabo-musulmane avant 1830, et qu’elle devait le redevenir. Et de fait, la guerre fut menée sous les auspices de l’islam, comme un djihad, une guerre sainte1, « fi sabil illah » (pour la cause de dieu), qui ciblait par un terrorisme qui n’avait rien d’aveugle, les civils non-musulmans, chrétiens et juifs, et dont le but était de pousser ces derniers vers l’exode, de préférence avant même l’indépendance, afin que l’exode prenne l’aspect d’un départ volontaire. « La valise ou le cercueil » n’est pas un slogan de l’OAS comme certains l’ont dit, mais bien un slogan dessiné sur les murs des villes, depuis 1945, par les nationalistes. Et c’est précisément parce que ce sont des combattants arabes qui témoignent dans mon avant-dernier film Algérie, histoires à ne pas dire de cette stratégie du « nettoyage ethnique »2, qu’il a été interdit dès sa sortie en 2007.

           Le narratif de l’État algérien repose sur un deuxième pilier, principal pilier fondateur sans lequel tout s’effondre : le discours nationaliste sur la colonisation, lequel repose sur une quantité d’idées fausses.

           « La France a colonisé l’Algérie ».  Le problème, c’est que l’Algérie… n’existait pas comme nation ou comme pays autonome ! Et qu’en 1830 la France s’empare d’une dépendance ottomane depuis trois siècles qui fait régner la terreur contre les Berbères et les Arabes d’Afrique du Nord, mais aussi en Mer Méditerranée avec la piraterie, et la mise en esclavage – y compris sexuel – des Européens kidnappés. « Considérer la présence turque en Algérie comme une colonisation, remettrait en question la politique d’aujourd’hui des deux pays ; le politiquement correct l’emporte sur l’Histoire. » avance courageusement une nouvelle historienne algérienne, Abla Gheziel.

           Le droit d’user du concept de « colonisation » n’impose-t-il pas préalablement d’en discuter le contenu ? L’Europe aurait-elle été la seule puissance coloniale ? Les conquêtes menées au nom de l’islam, en Europe, au Moyen-Orient, et en Asie, infiniment plus violentes que celles menées par l’Europe – les historiens indiens n’évaluent-ils pas les morts à plus de 80 millions entre 1000 et 15004 ? – pourquoi ne seraient-elles pas aussi qualifiées de « coloniales » ? Cela ne pourrait-il pas aider à faire des comparaisons entre les diverses colonisations ?

           De plus, lorsque l’on veut évaluer de façon scientifique un état de société, ne se doit-on pas de le comparer avec ce qui a précédé ? Les bienfaits de la colonisation ottomane auraient-ils été supérieurs à ceux de la colonisation française ? Quelles villes, quelles universités, quels lycées, quelles écoles primaires, quels hôpitaux, quels barrages, quelles routes ont-ils construits ? Quelles maladies ont-ils éradiquées ? Quels marais ont-ils asséchés ? Quelle société civile ont-ils aidée à naître ? On pourrait poser mille questions comme cela.

           Diaboliser la  seule colonisation française n’est-ce pas une manière de jeter un voile pudique sur la réalité crue de la société existante en 1830, une société tribale et clanique, dont l’islam même n’arrive pas à surmonter les divisions, une société agraire de très gros propriétaires fonciers, chefs de tribus en général, et de khammes5 qui n’ont aucun pouvoir sur les affaires du pays, et en Kabylie une agriculture de survie gérée par le clan familial, une société qui, de ce fait, sera incapable de fonder une nation et de se débarrasser des colonisateurs arabes, ottomans puis français… On accuse la colonisation française de n’avoir accordé aux Arabes (en fait des Amazighs arabisés par l’islam), et sur le tard, qu’une demi-citoyenneté, ne devrait-on pas ajouter que l’Empire ottoman ne leur en avait octroyée aucune et que jamais il ne mit en place une Assemblée algérienne avec 60 députés arabes ? Ne devrait-on pas enfin dénoncer le crime culturel de la conquête arabe qui priva la population amazigh de sa langue, de sa culture, de sa personnalité ?

           Emboîtant le pas à ses homologues algériens actuel et précédents, le futur président français, en pleine campagne électorale, qualifia en 2017 à Alger la colonisation de « crime contre l’humanité », tombant ainsi dans le piège de la concurrence mémorielle que Stora nous dit vouloir éviter. En effet depuis que l’extermination de 6 millions de Juifs a été ainsi qualifiée par le Tribunal de Nuremberg, la Shoah est devenue l’étalon de la revendication victimaire. N’est-ce pas dans l’avion qui le ramenait de Jérusalem en janvier 2020, qu’Emmanuel Macron confia aux journalistes qui l’accompagnaient qu’il venait d’avoir l’idée d’une initiative qui ait « à peu près le même statut que la Shoah pour Chirac en 1995″ ?

           Les Amazighs et les Berbères qui se revendiquent « Arabes » auraient-ils subi une extermination planifiée par l’État français durant plus d’un siècle ? La croissance démographique de ces derniers aurait-elle été stoppée ? Faudrait-il pour autant nier que furent perpétrées des exactions ? Faudrait-il pour autant ne retenir que les exactions de l’armée française ? Et oublier que les troupes de l’Emir Abdelkader dont on se plaît aujourd’hui à souligner la noblesse, et qui sauva plus tard des Chrétiens de Damas, se distinguèrent par le massacre des Juifs dans sa ville de Mascara6, et aussi par la décapitation de 300 prisonniers français ? Sans parler des trop nombreux massacres, pogroms, et actes de barbarie commis avant et après la création du FLN-ALN ? On aimerait que le Bien et le Mal soit bien départagés, mais quand et où cela fut Monsieur le président ?

           Certes le système colonial ne peut être structurellement qu’inégalitaire, et à ce titre générateur d’iniquités et d’humiliations. Mais pourquoi pareillement la conquête arabo-ottomano-musulmane n’a-t-elle pas été qualifiée de « crime contre l’humanité » ? N’aurait-elle pas, elle aussi, généré parmi les chrétiens et les juifs7, inégalités, iniquités et humiliations, et ce, en application du Code de la dhimma8 dont s’inspirera plus tard le Code de l’Indigénat (1881-1945) … ?

           Serait-ce manquer de respect à un Président de la République que de lui demander quel est le système conçu par l’humanité qui n’a pas été inégalitaire, inique, violent, et humiliant ? Une décision, une action, marquées par une intention, peuvent être « criminelles », mais un système de socialité humaine ? L’Histoire est cruelle. Mais lui intenter un procès ? Depuis toujours, et donc jusqu’à aujourd’hui, n’est-ce pas le rapport de forces économiques, politiques, militaires qui a présidé aux relations entre les groupes et à la formation des systèmes ? La plupart du temps par la guerre et la conquête ?

           Pourquoi Monsieur le Président ne vous demanderiez pas plutôt pourquoi lorsqu’une guerre éclate entre deux pays d’égale puissance, cela donne un vainqueur et un vaincu (comme avec l’Allemagne et la France) mais jamais un colonisé et un colonisateur (comme la France et l’Algérie) ?

           Alors que tel est toujours le cas, lorsque s’opposent un pays développé et un pays sous-développé comme l’on disait il y a quelques décennies ? Un penseur algérien Malek Bennabi (1905-1973), spécialiste en civilisation islamique, eut d’ailleurs le courage d‘avancer l’idée en 1951 que les peuples colonisés l’avaient été parce que… colonisables. « La colonisation prend racine dans la colonisabilité. Là où un peuple n’est pas colonisable, la colonisation ne peut s’établir sur son sol. Cette idée, pourtant de bon sens, déplut fort aux communistes qui idéalisaient « les peuples », et plus encore aux nationalistes qui voulaient faire endosser la responsabilité de la colonisation aux seuls pays colonisateurs, en faisant l’impasse sur les responsabilités propres à chaque peuple, et à ses retards historiques et civilisationnels… Ce qui permet encore aujourd’hui, 60 ans après l’indépendance, aux dirigeants algériens d’imputer aux « séquelles du colonialisme » l’impéritie, la corruption, le clanisme, l’autoritarisme, l’indigence culturelle, qui obèrent tout dynamisme social, et ôtent tout espoir à la jeunesse qui ne rêve que d’une chose, fuir. Il y a une quinzaine d’années, l’homme politique le plus intelligent qu’ait produit l’Algérie, Mouloud Hamrouche, n’avait-il pas fait le triste constat qu’en Algérie, « il n y a pas de politique, il n’y a que des clans… Pour trouver de la politique, il faut remonter aux années 40… ». Et hormis le fait que l’on pourrait même remonter aux années 30, quel hommage à la colonisation, qu’il ait été volontaire ou non !

           Car contrairement au discours de beaucoup d’organisations pied-noir, mettant en valeur l’héritage matériel de la colonisation, ce qui me paraît plus important encore, c’est l’héritage politique et intellectuel, suggéré trop rapidement par le président Bouteflika lorsqu’en l’an 2000 devant les députés français, il reconnut que « la colonisation avait introduit la modernité…. Par effraction ».

           En effet, d’où sont venues les idées d’indépendance, de république, de nation, de démocratie, de nationalisme, de syndicalisme, de communisme, sinon du pays colonisateur ? Le FLN n’a-t-il pas été créé par des militants du M.T.L.D, lequel avait pris la suite du PPA11, lequel provenait de l’Etoile Nord-Africaine, créée à Paris à l’initiative du PCF ? Dans quelle langue se sont transmises ces idées parmi les élites politiques et médiatiques musulmanes ? N’est-ce pas l’écrivain Kateb Yacine qui avait qualifié la langue française de « butin de guerre » dans lequel ont aussi puisé Mouloud Feraoun, Mouloud Mammeri, Mohamed Dib, et continuent de puiser quantités d’écrivains d’après l’indépendance de Rachid Boujedra à Boualem Sansal, tous d’excellents patriotes que je sache ? Oui, qui par le développement des transports et de l’enseignement même dans les endroits les plus reculés, a fait progresser la prise de conscience nationale malgré l’extrême division de l’espace social clanique ? Qui, en substituant au système tribal parcellaire la centralité d’une administration moderne, a posé les bases du futur Etat algérien ? Qui, en libérant le khammes de sa tutelle seigneuriale ou clanique et en le transformant en ouvrier salarié, en a fait un être capable d’initiatives, y compris politiques, y compris indépendantistes ? Qui a donné à l’Algérie son nom même et ses frontières actuelles, d’ailleurs aux dépens de la Tunisie et du Maroc ?

           Pour parler d’un espace de mixité ethnique, le rapport Stora évoque par un euphémisme l’existence « d’un monde du contact », sans mentionner étonnamment ni le monde du travail et ses syndicats pourtant mixtes et très puissants, ni le monde des journalistes et des lecteurs, ni le monde des arts et de la littérature avec ses célèbres amitiés Feraoun-Robles, Dib-Pélégri, ni le monde des instituteurs (particulièrement visés par le FLN) et des élèves, ni le monde des avocats et de ceux qu’ils défendaient, ni le monde des gens simples qui dans les villes et les campagnes, et en tant que voisins ou non, savaient transgresser les frontières ethniques invisibles en inventant une coexistence égalitaire, ni même le monde des politiques se côtoyant dans diverses assemblées, parmi lesquels le parti communiste, le seul composé de musulmans, de juifs et de chrétiens, le seul à prôner une Algérie indépendante et multiethnique, projet qu’il ne put jamais imposer aux nationalistes, partisans eux d’une Algérie strictement arabo-musulmane, comme le dira devant ma caméra de Un Rêve algérien12, Lakhdar Kaïdi, le célèbre dirigeant de la CGT dans les années 40 et 50 du siècle précédent.

           Sans la guerre et ses atrocités, et sans l’idéologie racialiste des nationalistes rejetant comme étrangers les Juifs, là depuis plus de 2000 ans pour certains, et les Pieds-Noirs, des travailleurs de tout le bassin méditerranéen, ayant fui la misère, eux là depuis au moins un siècle, ce « monde du contact » aurait pu encore grandir et devenir une décennie plus tard, le socle d’une nouvelle Algérie, libre, multi-ethnique, respectueuse de toutes ses différences, et entreprenante. Une telle société aurait-elle pu résister à la vague islamique de ces trente dernières années ? Difficile de l’affirmer quand on voit ce qui s’est passé au Liban et en Irak d’où sont partis ou ont été chassés 150 000 Juifs et deux millions de chrétiens.

           N’importe quel « rapport », il est vrai, sera toujours insuffisant. Mais les « manques » ou les bavures de celui de Stora sont trop idéologiquement orientés pour être innocents.

           Ils mettent à nu cet historien qui s’est toujours voulu avant tout un militant anticolonialiste désireux de ne pas déplaire aux Algériens, pouvoir et intellectuels nationalistes sans distinction. Et ce comme beaucoup d’autres Juifs, dont j’ai été, qui ont cru pouvoir échapper à l’antisémitisme en évitant les sujets qui fâchent, Stora ne dit rien du terrorisme du FLN dirigé contre les juifs et contre les chrétiens, qui transforma cette guerre dite de « libération » en « guerre d’épuration »1. Ainsi, alors qu’il nomme dans « ce monde du contact » des musiciens juifs qui ont contribué au moins autant que les Arabes (Amazighs arabisés) au développement de la musique andalouse, Stora s’entête à la nommer « musique arabo-andalouse ». Plus gravement, s’il cite le nom de son compatriote constantinois, le célèbre musicien juif Raymond Leyris, il ne dit jamais qu’il fut assassiné le 22 juin 1961 et qu’à ce jour le crime n’a pas été revendiqué par ses auteurs, le FLN-ALN2. Stora récidive car, dans le livre financé par l’Europe et dont il est le co-rédacteur, Histoire des relations entre juifs et musulmans des origines à nos jours (Albin Michel, 2013), destiné à vanter une coexistence heureuse sans faille, démentie pourtant par la terrible réalité de la dhimma, ce dont témoignent abondamment, entre autres, 800 pages d’archives in L’Exil au Maghreb de David Littman et Paul Fenton, il y a un article sur Raymond Leyris. Signé par son ami Abdelmadjid Merdaci, cité plus haut, ce dernier en fait l’éloge comme Maître de la musique andalouse qui chantait en arabe et comme symbole de la bonne coexistence entre Juifs et Arabes, mais omet de dire… qu’il avait été assassiné !!! Un détail, comme dirait l’autre… Manifestement Stora n’a réglé ni sa question juive, ni sa question algérienne.

           Il y a dans ce rapport bien d’autres malhonnêtetés intellectuelles, notamment la manipulation des citations, très dommageable pour l’idée du métier d’historien et très gênante pour une commande du Président.

           Déjà citées plus haut, Fatima Besnaci-Lancou, Dalila Kerchouche et 49 cosignataires4, signalent une honteuse manipulation textuelle, quand Stora, citant un entretien de l’historien Mohammed Harbi datant de 2011, dans le quotidien algérien El Watan, où il évaluait le nombre des Harkis et goumiers à environ 100 000 hommes et à quelque 50 000 les victimes algériennes, substitue l’expression « actes du FLN/ALN » à « bavures du FLN/ALN »… Ou encore lorsque Stora nous donne en annexe plusieurs discours de chefs d’État français, mais omet comme par hasard celui où Jacques Chirac déclarait aux Invalides, le 25 septembre 2001 : « Les Harkis et leurs familles, ont été les victimes d’une terrible tragédie. Les massacres commis en 1962, frappant les militaires comme les civils, les femmes comme les enfants, laisseront pour toujours l’empreinte irréparable de la barbarie… ».

           Citant le témoignage de Louisette Ighilahriz (publié par Le Monde, le 20 juin 2000), Stora nous rappelle que cette « militante algérienne indépendantiste, jeune fille alors âgée de vingt ans fut atrocement torturée à l’état-major de la 10e Division parachutiste du général Massu. » Mais il tait la suite… lorsque L. Ighilahriz ajoute qu’elle a été sauvée par le médecin militaire de la 10e DP, le commandant Richaud. Cette précision valut à la concernée une flopée d’insultes de la part « d’anciens moudjahidine », mais Stora qui n’a pas son courage devrait pourtant savoir qu’une demi-vérité travestit l’histoire autant qu’un mensonge.

           Le choix des citations n’est pas moins tendancieux. Stora cite le philosophe juif constantinois Raphaël Draï faisant l’éloge de la réconciliation. Mais pourquoi ne pas avoir cité aussi, par souci de vérité, cet autre passage : « Ceux qui ont fait assassiner Raymond [Leyris] veulent vider intégralement Constantine de ses Juifs. La communauté juive était présente ici des siècles avant la conquête de l’islam. Faire fuir les Juifs, sans qu’il en reste personne, c’est vouloir effacer les traces de cette présence antérieure. » ?

           Pareil pour l’écrivain algérien Mouloud Feraoun… pourquoi n’avoir pas aussi choisi un passage où il se fait l’écho des pratiques autoritaires et vexatoires des maquisards de l’ALN vis-à-vis de la population musulmane dans les montagnes de Kabylie. Ou alors par exemple, lorsqu’il dénonce les mariages « moutaa » (« mariages temporaires » pour satisfaire les besoins pressants des combattants, tout en restant légal du point de vue de la chariaa).

           Pareil pour Albert Camus. Stora cite un passage de son « Appel pour une trêve civile en Algérie », omettant l’essentiel, notamment qu’il « s’adresse aux deux camps pour leur demander d’accepter une trêve qui concernerait uniquement les civils innocents », et qu’il n’aura aucun effet sur la pratique terroriste du FLN qui ira en s’amplifiant. « Bientôt l’Algérie ne sera peuplée que de meurtriers et de victimes. Bientôt les morts seuls y seront innocents » avait prédit Camus. Comme il avait prédit qu’une Algérie uniquement arabo-musulmane déboucherait inéluctablement sur le « panislamisme »

           Et quand Stora s’en prend à ceux « qui voudraient annexer Camus, le lire de façon univoque, l’enrôler dans leur combat politique », ne parle-t-il pas plutôt de lui-même, qui omet de dire que jusqu’à « la fin de sa vie » Camus n’eut qu’une seule obsession, empêcher ce qui finalement arriva : un million de chrétiens et de juifs chassés de leur pays. Au fait comment Stora peut-il aller jusqu’à l’indécence d’écrire « qu’à la fin de sa vie Camus se prononcera en faveur d’un fédéralisme …. », suggérant une évolution d’opinion dû au grand âge, comme si l’écrivain n’était pas mort, à l’âge de 47 ans…. Dans un accident d’auto ?!!!

MES « PRÉCONISATIONS »

           Les quelques « préconisations » que je suggèrerais n’auront pas la prétention d’être exhaustives. Elles auront surtout l’ambition de faire respecter le principe premier de toute réconciliation : la réciprocité, sans laquelle il n’y en aura jamais.

Je « préconise » donc que :

           1 – les États français et algérien cessent d’instrumentaliser l’histoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie, et laissent s’en occuper leurs sociétés civiles : l’histoire aux historiens, la mémoire aux citoyens et aux artistes, la réflexion aux intellectuels. Je considère en effet que ces États ainsi que leurs dirigeants, contraints par des agendas politiques, sont depuis 1962 le principal obstacle à la réconciliation largement pratiquée par les populations depuis des décennies. En témoignent les innombrables récits de Pieds-Noirs ou bien d’enfants de Harkis, qui sont retournés dans leurs villes et villages natals, ou dans ceux de leurs parents ou grands-parents.

           2 – les États français et algérien garantissent aux chercheurs et aux créateurs la liberté d’expression, de circulation, d’investigation, de création, de diffusion, veillent au respect de l’expression des courants de pensée minoritaires, et surtout mettent fin à toutes les formes de censure. L’accessibilité à toutes les archives est la condition sine qua non de la réconciliation. En effet seules les archives et leur contenu pourront corriger les travers de la mémoire. Attribuer au cinéma la vertu d’être un « formidable catalyseur de mémoire » sans dire un mot de la menace de la censure, est une forme de démagogie. Mon avant dernier film Algérie, histoires à ne pas dire est le parfait exemple des formes diverses qu’elle peut avoir : interdit de diffusion en Algérie, jamais programmé par une TV en France, bien que loué par la critique lors de sa sortie en salles de cinéma. Adulé en Algérie par les anciennes et les nouvelles générations, le chanteur Enrico Macias, est depuis 60 ans interdit d’antenne et de scène dans son pays natal. Et ce, alors que tous les chanteurs amazighs  ou amazighs arabisés peuvent se produire en France.

           3 – les Etats français et algérien devront faire respecter la liberté des pratiques religieuses dans tous les espaces publics qui leur sont destinés, le plus strictement possible, et punir tous les fanatismes générateurs de violence, ainsi que toutes les formes de haine à l’encontre des Amazighs, des Amazighs arabisés, des Harkis, des Pieds-Noirs, et des Juifs. Ce ne sera pas faire preuve d’un esprit partisan que de reconnaître que dans ces trois domaines, c’est l’Algérie – où par exemple, faute de Juifs, ce sont les Amazighs, les chrétiens, les athées et les Noirs qui continuent d’être persécutés – qui a le plus à faire. De plus, la France ferait bien aujourd’hui de ne pas reproduire sa cécité passée par rapport au désir d’autonomie, voire d’indépendance des Amazighs. Ainsi que de faire toute la lumière sur les assassinats à Paris de l’avocat et homme politique kabyle Ali André Mécili, le 7 avril 1987, et du fils de Ferhat Mehenni, président du Gouvernement provisoire kabyle en exil, le 19 juin 2004, manifestement signés.

           4 – les Etats français et algérien pourraient grandement faciliter et accélérer la mise en application de ces stratégies de gestion de la mémoire et de l’histoire franco-algérienne, donc sans attendre les résultats des recherches en ces deux domaines, si à l’occasion du soixantième anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, ils reconnaissaient solennellement trois injustices historiques, vis-à-vis :

– des populations amazighs et amazighs arabisées privées de la pleine citoyenneté durant la presque totalité de la période coloniale (relativisons cependant : la moitié de la population française, les femmes, n’accéda qu’en 1944 au suffrage universel, lequel ne concerna tous les hommes qu’avec la Troisième république en 1875, un siècle après la Révolution française !)

– de la population non-musulmane (Juifs et Pieds-Noirs) poussée à l’exode en 1962.

– de la population harkie abandonnée par la France, martyrisée en Algérie.

    Le rétablissement dans leur algérianité de ces deux dernières catégories serait sans aucun doute le geste déterminant vers la réconciliation.

           Si la reconnaissance de la première injustice ne devrait plus poser de problème, la reconnaissance des deux autres devraient permettre de comprendre qu’à la source de toutes les violences extrêmes de la fin de guerre d’Algérie furent « Les Accords d’Evian », dits de « cessez le feu » par certains et « de paix » par d’autres, publiés le 19 mars 1962 mais jamais signés par les Algériens, l’organe suprême, le Congrès de Tripoli réuni en juillet 1962, les rejetant même ! En effet, durant presque trois années, la France accepta de négocier, secrètement puis officiellement, avec le FLN en tant que « seul représentant du peuple algérien », ce qu’il n’était pas, puisque le FLN ne représentait ni la population non-musulmane, ni les messalistes1, ni les Harkis.

           Ces trois catégories de la population algérienne furent sacrifiées sur l’autel du pétrole que la France était autorisée à exploiter encore 10 ans. La création de l’OAS peut être comprise comme un acte de protestation contre cet état de fait, et comme une tentative tout à fait légitime pour se faire accepter comme représentant des Pieds-Noirs. Et si le recours à la lutte armée et au terrorisme par l’OAS en 1961-62 fut une option aussi catastrophique que celle du FLN en 1954, leurs causes n’en restent pas moins totalement légitimes.

           Quant aux Harkis, il conviendrait de comprendre que la double tragédie qu’ils ont endurée, a été d’abord la conséquence d’une fausse représentation de leur identité.

           Compte tenu de la conception ethnique et tribale du combat indépendantiste qui a été celle du FLN et qui le demeure, les Harkis, parce que musulmans, ne pouvaient être que des « traîtres », alors que les Pieds-Noirs et les Juifs, eux des « étrangers », n’étaient que des « ennemis ». C’est cette vision qu’il faut préalablement et une fois pour toute abandonner. La France n’était pas l’Allemagne nazie, et les Harkis n’étaient pas des « collabos ».

           Aujourd’hui très nombreux sont les Algériens qui, constatant le désastre économique et politique de ces six dernières décennies, la fuite des cadres ainsi que de toute une jeunesse, et le fait que l’Algérie n’a jamais été aussi dépendante que depuis l’indépendance, se disent qu’à la place de leurs grands-parents, ils auraient choisi l’option d’une autonomie au sein d’une Fédération française que proposèrent en 1936 et en 1946 les nationalistes modérés de Ferhat Abbas ainsi que les communistes… Au moins, disent-ils, « on n’aurait pas besoin de fuir, on serait en France sans bouger et sans mourir en Méditerranée ! ». Ces Algériens qui vivent leur algérianité comme un enfermement, et leur désir de francité comme une libération, seraient-ils aussi des « collabos » ?

5 – Les Symboles

           Ils ne pourront atteindre leurs objectifs – refermer les plaies, apaiser, réconcilier – que s’ils sont consensuels, réciproques et exempts d’esprit revanchard. Des plaques ? Oui, mais il faut avoir en vue qu’il en manquera toujours une… De plus chaque pays devrait s’occuper des siennes. Pourquoi la France s’est-elle crue obligée d’honorer Maurice Audin, qui se considérait Algérien, puisque l’Algérie l’avait déjà fait ? On pourrait se demander par contre quand l’Algérie inscrira le portrait de Raymond Leyris sur ce mur de Constantine où figurent déjà les portraits géants de quatre grands représentants de la musique judéo-amazigho-arabo-andalouse, et non « arabo-andalouse » comme vous l’écrivez Mr Stora ! Ce serait une belle manière de faire oublier les propos indignes de Khalida Toumi, quatre fois ministre de la Culture dans les gouvernements Bouteflika, qui s’était promis de « déjudaïser la musique arabo-andalouse.

Des Journées commémoratives nationales ?

           Oui, mais alors elles ne peuvent être que consensuelles. Pourquoi le 17 octobre 1961, qui tel que présenté par Stora serait une manifestation syndicale, alors qu’elle fut organisée par le FLN, lequel sachant qu’elle serait réprimée vu qu’elle était interdite, mit femmes et enfants en tête des cortèges ! Pourquoi pas plutôt le 26 mars 1962, puisque 80 Pieds-Noirs sans armes furent froidement assassinés à bout portant au centre d’Alger à coup de fusils-mitrailleurs par l’armée française ?

           Et pour ce qui est du 19 mars, comment accepter cette date à laquelle ont été publiés les Accords d’Évian qui ont scellé le sacrifice d’une population non-musulmane de plus de 1 million de personnes, et d’une population de Harkis de plus de 150 000 personnes, et déclenché une violence urbaine inégalée ?

           Ma proposition est qu’une Journée nationale fériée soit consacrée à toutes les victimes de la guerre d’Algérie, et que chaque groupe concerné puisse honorer la mémoire de ses morts.

Le Panthéon ?

           Oui, mais pas Gisèle Halimi, originaire de Tunisie, qui hormis son métier d’avocate, se positionna comme une militante anti-harki et anti-pied-noir. Non plus que Henri Alleg, qui aurait été plus crédible s’il avait aussi dénoncé la torture et les mutilations pratiquées durant la guerre par le FLN. Si elle n’y était pas déjà, l’anthropologue française et  ancienne déportée des camps nazis, Germaine Tillion y aurait eu droit pour son amour équilibré de toutes les populations de l’Algérie, et pour ces paroles admirables : « Que le colonialisme soit essentiellement un type de relation anormale, viciée, oppressive…. de tout cela j’en suis convaincue depuis longtemps… Mais c’est la relation qu’il faut redresser et non pas le cou des gens qu’il faut tordre… ». Albert Camus, qui dénonça autant la misère arabe des années 30, que les représailles disproportionnées des massacres nationalistes en 1945, et qui prédit autant le nettoyage ethnique que le panislamisme, aurait dû y entrer depuis longtemps, mais sa famille s’y opposerait.

           Je proposerais donc l’écrivain Jean Pélégri (1920-2003), auteur de romans presque tous édités par Gallimard, notamment Les Oliviers de la Justice (dont il fit aussi un film), Le Maboul, et de l’essai Ma mère l’Algérie édité d’abord en Algérie (Laphomic, 1989), puis en France (Actes Sud, 1990). Toute son œuvre est marquée par l’idée de la complémentarité mémorielle entre l’Arabe et le Pied-Noir, par les drames de l’injustice coloniale vis à vis des Arabes, puis de l’injustice algérienne vis à vis des Européens qui voulaient rester après l’indépendance.

           « Quand il est arrivé pour moi le moment de la prise de conscience et du choix, ce ne sont pas les idéologues procédant par exclusions qui m’ont déterminé, si célèbres fussent-ils (je pense à Sartre) mais des gens simples : un ouvrier agricole, une femme de ménage illettrée, du nom de Fatima. Avec eux parce qu’ils parlaient juste et qu’ils n’excluaient pas les miens, j’avais confiance. Je les croyais sur parole »…

           « Ce ne sont pas les Français de la métropole qui détiennent le souvenir de notre vie passée et de notre famille. Ce sont certains Algériens et eux seuls. Eux seuls se souviennent des jeux de notre enfance, des usages familiaux, des paroles de nos pères, des vignes arrachées, de l’arbre planté.

           Sans eux, une partie de notre vie s’évapore et se dissipe. Là aussi, sous l’histoire apparente et cruelle, il y a une autre histoire, secrète, souterraine, qu’il faudra bien un jour inventorier ».

Jean Pélégri. (Maghreb dans l’Imaginaire français. EdiSud, 1985)

           « Or les Algériens sont les seuls à pouvoir nous comprendre, parce qu’ils ont connu le désespoir de ne pas avoir de patrie. Et ils sont seuls à pouvoir nous réconcilier, par l’avenir partagé, avec une partie de notre passé. »

Jean Pélégri (Propos tenus après la présentation au Festival de Cannes de 1962 du film « Les Oliviers de la Justice », adapté de son roman éponyme).

EN GUISE DE CONCLUSION PROVISOIRE

           Malgré le refus du repentir du Président de la République française, force est de constater que le Rapport qu’il a commandité et apparemment accrédité, est du début à la fin un acte de repentance qui ne dit pas son nom. S’il devait être maintenu tel quel, il vouera à l’échec l’ambition d’en faire un instrument de la réconciliation entre l’Algérie et la France.

           De plus, faire croire que condamner « ce crime contre l’humanité «, dixit le Président de la République française, qu’aurait été « la longue histoire coloniale qui a provoqué tant de blessures, de ressentiments, de ruminations mémorielles… », dixit Stora, permettrait de mettre fin à toutes les conflictualités, et même, selon Kamel Daoud4, de résoudre la question de « l’islam de France », serait tragique si ce n’était pas tout simplement comique.

           L’islamisme qui menace la France laïque n’a rien avoir avec la colonisation, mais tout avec la déferlante islamique qui est partie à l’assaut du Monde, lorsque celui-ci accepta la condamnation à mort de Salman Rushdie par l’ayatollah Khomeïni, et tout avec le déni de sa dangerosité par les élites politiques et médiatiques françaises, malgré la démonstration de sa férocité durant la « décennie noire » des années 90 en Algérie, et du terrorisme intellectuel en matière de religion dont l’Etat continue de se faire lui-même l’agent5 .

           Chercher dans l’histoire coloniale des explications à l’impéritie ou à la corruption des pouvoirs algériens, est une autre manière de déni d’un état de fait : la gestion autoritaire et hypercentralisée a paralysé l’esprit d’initiative, et a gelé toutes les sortes de créativité.

           Tout le monde se souvient que lorsque le président Jacques Chirac se rendit à Alger en 2003, les centaines de milliers d’Algériens en liesse ne lui demandèrent pas des comptes sur « la longue histoire coloniale », mais tout simplement « des visas »

Voilà qui devrait faire méditer…

           Quant aux réactions des autorités algériennes et de ses intellectuels « organiques », il ne faut pas non plus être grand clerc pour les imaginer…

Fin

« Missionné » par ma propre conscience, Jean-Pierre Lledo Propos tenus le 10 février 2008 dans le quotidien algérien arabophone, de tendance islamique, Ech Chourouq.

A propos du vrai et du juste (Seuil, Paris, 2001).

Les Oliviers de la Justice’’ (1959). ‘’Le Maboul’’ (1963)

Édito du point / kamel daoud / France-Algerie :  que faire si on arrête la guerre ?

« Algérie. Un islamologue poursuivi pour offense à la religion » (Ouest-France, 10 février 2021)

Source:

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Rapport de Benjamin Stora – Avis de Jean-Pierre Lledo – 1ère partie  / 2eme partie3eme partie / 4eme partie / 5eme partie

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15 février 2021

EN MARGE DU RAPPORT STORA SUR LE CONTENTIEUX FRANCO ALGÉRIEN

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Par Jean François PAYA

Réflexion faite aucune des deux parties ne peut parler de “crimes” concernant la guerre d'Algérie ce que notre nouveau président et ses interlocuteurs semblent oublier c'est que pour l'Algérie il y a un texte Constitutionnel nommé "Les Accords d'Évian" entériné par référendum par les 2 parties *(pas appréciés par tous)

La référence est l'intitulé « Texte original des Accords d’Évian vers la paix en Algérie (Archives de la diplomatie Française p 407) »

"Seront amnistiés toutes infractions commises AVANT le 30 Octobre 1954 dans le cadre d'entreprises tendant à modifier le régime politique de l'Algérie d’avoir été indiqué pour tirer un trait sur les exactions réciproques de 1945 dans le Constantinois" (jusqu'au jour de l'indépendance 3 juillet 62)
Donc tout semblait prévu pour régler réciproquement tout contentieux juridique entre la France et l'Algérie en le faisant valider par des consultations Populaires (mais qui avait lu les accords d'Évian ;surtout ces annexes? ) Donc à notre avis si rien ne semble s'opposer à la citation et à l'étude des faits historiques : il n'est formellement pas permis de les qualifier par une sentence "juridique (crime etc. surtout de la part des plus hauts représentants de l'État et à fortiori des Président de la République dans des rapports officiels en tout cas pour la France, il en serait de même pour l'Algérie qui n'a pas de leçon à donner qui récemment pour les actions terroristes des années 1990 et leur répression en Algérie a procédé ainsi et de plus tout débat sur le conflit civil étant muselé par des sanctions pénales, donc l’Algérie n’a aucune leçons à donner à la France pour cette application des accords d'Évian à la lettre! 

Un décret présidentiel assure en Algérie, l'impunité aux responsables des exactions côté rébellion où forces de l'ordre. En outre, comme le déclarent certaines organisations de défense des droits de l’Homme aujourd’hui, tout débat sur cette question sera désormais impossible, la discussion publique sur le conflit qui a déchiré le pays pendant plus d'une décennie étant explicitement prohibée par le texte. Le gouvernement Algérien a présenté cette loi comme mettant en œuvre la « Charte pour la paix et la réconciliation nationale » charte que les électeurs Algériens ont approuvé lors d’un référendum le 29 septembre 2005. Donc on peut considérer qu'il en est de mème pour les amnisties réciproques adoptées dans "les accords d'Évian" en 1962 devenues la loi constitutionnelle y compris pour des présidents de la République non parjures des deux bords qui en principe ne peuvent parler de crimes et encore moins de crime contre l'Humanité jusqu'au 2 juillet 1962 dans les textes ; veille de l'indépendance au grand désespoir parfois des victimes de chaque bord à éventuellement à indemniser par chacun comme prévu dans ces accords entérinés par des « Référendums Populaires » donc au-dessus des Lois dans chaque pays

Ainsi cette conclusion devrait apaiser une “chikaya” interminable relancée par les ultras de chaque bord et toute velléité de demande de repentance permettant d'envisager un avenir constructif pour les nouvelles générations dans les deux Pays reliés par tant de liens indélébiles.

Maintenant si la partie Algérienne veut dresser le bilan des griefs Historiques réciproques de deux entités Nationales et qu'elle considère légitime au sujet de “L ÉTAT ALGÉRIEN” son existence bien antérieure à l’Indépendance de 1962 en y incluant les 300 ans d'occupation Ottomane et mème avant à partir du XVème siècle et des dynasties berbères musulmanes comme les “Mérinides” plus tôt basés sur Fez et le nord Maroc et ici les rubriques parlent plutôt de « Maghreb central, !à propos des occupations côtières Espagnoles Indépendant et Souverain » en s’appuyant sur les traité passés entre la régence d’Alger et la France pour la libre circulation maritime et le commerce côtier mais toujours archivé à Istanbul avec son aval, nous pensons que cette histoire mythologique est constitutive de la Nation Algérienne et difficile si non inutile de remettre en cause sur le plan diplomatique (sinon historique) pour aborder le présent ! Avec l’Algérie actuelle rien ne sert de débattre là-dessus ci ça leur fait plaisir plutôt parler de l'avenir !
MAIS IL FAUT ALORS POUR RESTER ÉQUITABLES FAIRE L ADDITION DES GRIEFS DEPUIS CES LOINTAINES PÉRIODES !

Dans l'Historique des colonisations nous suggérons que celle de l'Algérie fut une des rares à être provoquée à l'origine (et pas le prétexte dérisoire évoqué) par une position défensive en l'occurrence contre des agressions continues de la piraterie dite “barbaresque” sur la navigation en Méditerranée pour preuve avec certains précédents de tentatives de neutralisation depuis le début du XVI ème siècle Espagnoles en 1516-1518, Charles Quint en 1541 ; Philippe III (zones de gardes Espagnoles comme Ceuta et Melilla et aussi Oran depuis 1505 avant le séisme jusqu'en 1790) en 1601 puis en 1775, 1783 et 1784 par les Américains en 1815 et les Anglais avec 1816 bombardements de représailles maritimes (tout ceci est consigné dans les archives Turques de la Présidence du Conseil à Istanbul sources liens cités) avec des commentaires qui montrent bien que la régence d'Alger n'était pas autonome et donnent des éclaircissements sur l'administration coloniale Turque exclusive du pays .
A origine cette occupation Française fut spécifique et non pas une vocation coloniale comme ailleurs dans le monde, cela tient plus du concours de circonstances que du projet pleinement mûri et planifié, le statut auquel sont soumises les populations autochtones du pays est resté longtemps incertain.
Mais indubitablement c'est la colonisation Française avec ses abus, ses déboires voir ces présumés crimes (à débattre par la commission) mais aussi ses enseignements et ses colons qui ont façonné et donné son nom à l'Algérie et ses frontières. On peut aussi présumer que si la France n'avait pas occupé ce Maghreb central en effet Alger et quelques ports auraient pu devenir des enclaves Françaises comme Melilla et Ceuta Espagnoles qui le sont restées aujourd'hui et le reste répartis entre les Tribus rivales de l'est et de l’ouest et certainement pas unifié comme aujourd'hui .et le Sahara avec ses richesses  accaparée par la France grâce à sa population Européenne émigrée quoique minoritaire et non pas réparti entre tous les pays riverains

Posté par JF PAYA,

GROUPE ÉTUDES HISTORIQUES PN

JF PAYA A/C Algérie classe 54/2 Cercle Algérianiste du Poitou

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1 février 2021

LA FNACA ET LE RAPPORT STORA

par

TRAÎTE UN JOUR, TRAÎTE TOUJOURS

« Les événements font plus de traîtres que les opinions. » (François-René de Chateaubriand).

À la suite de mon article sur le « rapport Stora », un de mes lecteurs me déclare qu’il ne comprend pas ma position sachant, je cite, « que la plus grosse association d’anciens d’Algérie, la FNACA, est très favorable à l’idée d’échanges apaisés entre l’Algérie et la France ».
Autour de moi, beaucoup de gens ne comprennent pas pourquoi je m’insurge contre la commémoration du 19 mars 1962. Alors que, depuis François Hollande, le 19 mars serait « la date officielle de la fin de la guerre d’Algérie ». Les mêmes me font sottement remarquer que cette date a été « légalisée » par le Parlement ; elle serait donc aussi importante pour les Français que le 8 mai, le 11 novembre ou le 14 juillet. C’est une ineptie, doublée d’une félonie !

Combien de fois faudra-t-il que je répète qu’un citoyen est d’abord et avant tout un homme libre ? Ce n’est pas un « béni-oui-oui » : il doit avoir conscience de ce qui est juste et de ce qui ne l’est pas. Il doit aussi faire la distinction entre le Bien et le Mal. Or, ce qui est « légal » (ou officiel) n’est pas forcément normal ou encore moins moral. Dans notre histoire, les exemples ne manquent pas.
Le plus monstrueux est, pour moi, la « loi Veil » de 1975, légalisant l’interruption volontaire de grossesse (IVG). On s’est arrogé le droit de tuer l’« infans conceptus », cet « enfant à naître » qui a des droits depuis la plus haute antiquité. Mais que les féministes, au cri de « notre ventre nous appartient ! », ont condamné à mort. Depuis la « loi Veil », à raison de 230 000 IVG par an (chiffre officiel), la France a tué plus de 9 millions de petits Français ; 50 % de victimes de plus que… la Shoah (1), c’est tout simplement monstrueux !

La France actuelle s’émeut du sort des ours pyrénéens, des porcs ou des volailles élevés en batterie et de la « souffrance animale », mais pas du massacre légalisé de SES enfants.
En 1981, les socialistes ont aboli la peine de mort et nous sommes arrivés à cette aberration : en France, on n’a plus le droit de tuer que… des innocents.
Les économistes vous diront que « la natalité française n’a pas eu à en souffrir »: vaste foutaise !!! Nous sommes, en fait, devant un phénomène de « remplacement de population ». Car, au sein de la « diversité » – celle qui voudrait nous imposer la charia – on n’avorte pas ; on se reproduit comme des lapins. J’ajoute – tant pis si ça déplaît ! – que les 9 millions de petits Français que nous avons tués légalement auraient pu nous être bien utiles lors d’une éventuelle « Reconquista » (2).

Faut-il rappeler aussi que la « légalité républicaine » est souvent à géométrie variable ?
Les juridictions d’exception qui ont fait fusiller Bastien-Thiry, Degueldre, Piegt et Dovecar étaient totalement illégales (puisqu’elles interdisaient tout appel ou pourvoi en cassation) (3).
Je pourrais citer aussi l’article 35 de la Constitution de 1793 qui stipule que :
« Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. »
Ce qui n’a pas empêché la Convention de faire massacrer 300 000 Vendéens qui voulaient seulement défendre leur fief, leur foi et leur roi. Souvenons-nous que le gouvernement de Jacques Chirac, par la loi du 29 janvier 2001, a fait reconnaître par la France le génocide… arménien de 1915. J’attends encore que mon pays, si prompt à donner des leçons au monde entier et à faire acte de « repentance », reconnaisse le « populicide » vendéen.

Un citoyen normal n’est pas obligé d’adhérer bêtement aux tendances « sociétales » votées par nos députés par pur clientélisme : ce n’est pas parce qu’un gouvernement socialiste a fait voter la « loi Taubira » autorisant les invertis à se marier entre eux que j’aspire aux derniers outrages, ni même à m’afficher au bras d’un giron.
Sur l’Algérie française, j’ai déjà écrit quatre livres (4). Aussi, au risque de me répéter, je rappelle :

a)- Que la date de la fin de la guerre d’Algérie (proclamation d’indépendance) est le 5 juillet 1962. Le 18 mars (et non le 19) est celle de la signature des « Accords d’Évian ».

b)- Entre ces deux dates, 670 soldats français seront (encore) tués par l’ALN qui ne respectera jamais la trêve décrétée par les Accords d’Évian. Seule l’armée française déposera les armes.
c)- APRÈS les accords d’Évian, 3 000 pieds-noirs seront enlevés par le FLN. Des femmes finiront dans les bordels de l’ALN, des hommes termineront leur vie de forçats dans des mines.
La plupart d’entre eux seront « portés disparus » et le sont encore aujourd’hui.
d)- 120 à 150 000 harkis, fidèles à la France, seront livrés désarmés aux égorgeurs du FLN.
Ils seront torturés, émasculés, brûlés vifs, massacrés ainsi que leurs familles, avec la neutralité bienveillante, voire la complicité du gouvernement français. Ce chiffre de 150 000, que certains historiens engagés mettent en doute, émane d’Ahmed Ben Bella lui-même.
e)- Lors de l’indépendance de l’Algérie, un million de pieds-noirs devront quitter le pays « une main devant, une main derrière », en abandonnant tout, car on leur laissait le choix entre « la valise ou le cercueil ». Les Accords d’Évian garantissaient pourtant leur vie et leurs biens…

Donc, les gens qui, pour complaire à Macron, acceptent de collaborer avec l’ancien trotskiste Benjamin Stora sont soit d’une ignorance crasse, soit des traîtres, soit des salauds, soit des pleutres, soit des imbéciles. Et dans tous les cas, conscients ou non, ils insultent nos morts !
Parlons maintenant de la FNACA, car cette association vaut son pesant de moutarde (ou de « Ketchup » pour rester dans le rouge !) : La « Fédération Nationale des Anciens Combattants en Algérie, Maroc et Tunisie » (FNACA) est, comme son nom l’indique, une association d’anciens combattants d’Afrique du Nord. Mais quelle est, en fait, sa genèse ?
En 1958, trois associations d’appelés et de rappelés de la guerre d’Algérie se réunissent pour former la « Fédération Nationale des Anciens d’Algérie » (FNAA): le « Groupement des Rappelés et Maintenus » (GRM) créé en novembre 1956, d’obédience socialiste ; l’ « Association des Anciens d’Algérie » (AAA) créée au début de l’année 1957 par Jean-Jacques Servan-Schreiber, proche du Parti Radical ; et l’ « Association Nationale des Anciens d’Algérie » (ANAA) créée en février 1958, qui est un sous-marin du Parti communiste français.

Jean-Jacques Servan-Schreiber en est le premier président-potiche mais, en fait, le PCF tire les ficelles en coulisse. Citons cette phrase de « JJSS » qui résume bien les buts de l’association :
« Nous défendons les droits légitimes de tous nos camarades, mais pour faire triompher ce que le général Pâris de Bollardière a appelé « les valeurs morales qui ont fait la grandeur de notre civilisation » … et pour la Paix. » (5). En réalité, dès 1958, le PCF veut profiter de cette structure nouvelle pour nuire aux intérêts français en Algérie, au profit de l’URSS.
En mars 1963, au 4e congrès à Noisy-le-Sec, on ajoute le « C » de combattant dans le sigle de la FNACA. La FNACA modifie ses statuts pour mieux marquer sa volonté de faire reconnaître le titre de « combattant » aux deux millions d’appelés qui ont traîné leurs guêtres en Algérie durant trois mois au moins. Même si beaucoup d’entre eux ont servi comme fourrier ou cuistot au mess de leur régiment et n’ont jamais vu un fellagha autrement qu’en photo.

En 1965, le bellâtre « JJSS » abandonne la présidence de la FNACA : le clown, qui lui donnait une respectabilité, a terminé son tour de piste. JJSS peut continuer à distiller ses idées de gauche libérale dans l’« Express », le torchon anticolonialiste qu’il a fondé à l’âge de 29 ans.
L’appareil de la FNACA reste aux mains des communistes qui vont faire, durant des années, des pieds et des mains pour que la France reconnaisse officiellement le 19 mars.
Je rappelle aux gens qui ont la mémoire courte ce que disait François Mitterrand, lors d’une conférence de presse télévisée le 24 septembre 1981 : « les morts de la guerre d’Algérie seront honorés chaque année à une date qui ne pourra être le 19 mars, pour des raisons évidentes… ».
François Mitterrand n’est pas, que je sache, un sympathisant de l’Algérie française.
Quelques jours après cette conférence, le 29 septembre, se tenait une réunion au ministère des Anciens Combattants : 27 associations patriotiques et/ou d’anciens combattants (sur 29 consultées) se sont déclarées opposées aux célébrations du 19 mars.
En septembre 1981, le « Quotidien de Paris », attaqué par la FNACA, écrivait :

« Michel Sicart (secrétaire général), Serge Perronet (trésorier), Michel Sabourdy (presse), etc. qui occupent des postes importants à la FNACA sont des responsables bien connus du PCF…
Effectivement ils ne sont pas d’« obédience communiste » puisqu’ils sont communistes ! »
Citons encore cet article de « l’Humanité » en date du 1er juillet 1983 car il résume assez bien les intentions de la FNACA et de son allié, le PCF.

« Hier, au siège du Comité central du PCF, une délégation de la FNACA a été reçue par Georges Marchais, secrétaire général du parti, Étienne Fajon et Henri Costa, membres du Comité central, et Roland Renard, député de l’Aisne… Au cours de la rencontre, les représentants de la FNACA – Maurice Sicart, secrétaire général, Jean Cavan, secrétaire national, et Serge Péronnet, trésorier – ont rappelé les principales revendications de leur association non encore satisfaites…
L’entretien a mis en évidence l’accord complet du Parti Communiste avec les justes demandes de la FNACA, qui ont été fermement défendues et continueront de l’être par les élus communistes à l’Assemblée nationale et au Sénat… Les deux délégations ont constaté à nouveau la concordance de leurs vues sur la commémoration annuelle du cessez-le-feu qui a mis un terme à la guerre d’Algérie le 19 mars 1962. Elles ont souligné la nécessité de poursuivre l’action afin que le 19 mars devienne la journée officielle du souvenir… À propos des décisions prises par diverses municipalités d’opposition qui ont débaptisé des rues ou places du 19 mars. Les deux délégations ont exprimé leur indignation à l’égard de ce comportement qui est une injure à la mémoire et aux familles des 30 000 jeunes Français tombés (6) au cours de la guerre d’Algérie… »

Est-il utile d’en rajouter ? Faut-il s’étonner que la FNACA cautionne le « rapport Stora » ?
On me dit assez régulièrement que beaucoup d’anciens d’AFN sont à la FNACA « sans savoir ce qu’il y a derrière ». Qu’ils y adhèrent « pour retrouver des copains ». Mais il existe en France des centaines d’associations patriotiques, régimentaires, d’armes, ou d’anciens combattants.
On n’est pas obligé d’adhérer à celle qui a encarté dans ses rangs des « porteurs de valises » du FLN, des traîtres et des déserteurs : ne finançons pas la corde pour nous pendre !
Personnellement, en 2018, j’ai claqué la porte d’une association d’anciens parachutistes dont j’étais adhérent depuis… 38 ans, parce que son général-président ne trouvait rien de choquant à la déclaration de Macron sur les « crimes contre l’humanité » en Algérie. Et qu’il ne s’est pas indigné quand Macron, devenu président de la République entre-temps, est allé salir l’armée française chez la veuve du traître Maurice Audin. Il y a des valeurs sur lesquelles on ne doit pas transiger.

Quant aux naïfs et aux « Bisounours », je leur dis qu’on n’est pas obligé d’être inculte, idiot ou aveugle : la « politique de l’autruche », la tête dans le sable et le cul à l’air, n’est jamais une bonne chose ; sauf, bien sûr, pour ceux qui aiment exposer leurs arrières.

Éric de Verdelhan

1) Une loi portée par une rescapée de Ravensbrück, ça laisse pantois ! Au soir de sa vie, madame Veil regrettait amèrement les dérives de sa loi. Depuis, elle repose au Panthéon.
2) N’ayant aucune envie d’être poursuivi pour « incitation à la haine raciale », je n’en dirai pas plus…
3) Idem pour les juridictions chargées, à la Libération, de juger les « collabos » ou présumés tels.
4) « Requiem pour l’Algérie française » (2012), « Un homme libre » (2013), « Oran le 5 juillet 1962… » Edilivre ; 2017, « Hommage à NOTRE Algérie française » Dualpha ; 2019.
5) Le général de Bollardière, traître à ses frères d’arme, a rejoint le pacifisme-écolo-gaucho-catho-de-gauche après la guerre d’Algérie.
6)Il en est tombé 18 500 soldats français en Algérie dont 6 500 appelés du contingent. Ce chiffre de 30 000 appelés tués au combat est une affabulation du PCF.

ÉRIC DE VERDELHAN DES MOLLES

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traître un jour, traître toujours

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